Currensy surproductif en 2016 : bénédiction ou overdose ?
Après une année 2015 réussie à l’image de ses deux albums Pilot Talk 3 et Canal Street Confidential, Currensy a décidé de combler ses fans en sortant un projet par mois cette année.
Currensy le généreux
Déjà connu pour être extrêmement prolifique, Currensy repousse désormais les limites de l’imaginable en sortant un projet par mois, dont certains ont été enregistrés en une nuit. Ainsi, depuis le 19 janvier il a sorti successivement The Owners Manual, The Carrollton Heist, Weed & Instrumentals, Revolver, Bourbon Street Secrets, The Legend of Harvard Blue et Stoned on Ocean. Et si on pourrait penser que tout cela n’est qu’une manœuvre commerciale pour vendre plus, il n’en n’est rien. Chaque projet est téléchargeable gratuitement et disponible en streaming, comme Curren$y le fait bien souvent pour ses EP et autres mixtapes. Ainsi, ces sorties compulsives ne lui rapportent probablement pas si gros si ce n’est de la visibilité auprès d’un public plus large.
C’est donc principalement la passion qui conduit Spitta à faire de cette année 2016 son année la plus productive pour l’instant. On pourrait s’interroger sur la qualités de ces nombreux projets, mais il y a finalement peu à redire. Currensy fait ce qu’il sait faire de mieux, et même à 200 %. Si Aucun de ces différents EP n’est mauvais mais, hormis peut-être The Carrollton Heist (en collaboration avec The Alchemist), aucun ne marque particulièrement les esprits non plus. Chaque projet se révèle cohérent car la plupart du temps réalisé avec un seul et même producteur (Purps, Sledgren, Cool & Dre…). On y retrouve les thèmes récurrents chez Spitta, à savoir la ride, la weed, l’argent, tous ces éléments qui composent cette « Jet Life » dont il se revendique. D’un point de vue général, c’est une ambiance plutôt chilly qui se dégage de ces albums, à l’image de titres tels que « Scanners », « Anticipation » ou encore « Game Tapes ».
Qui dit nouveaux morceaux dit aussi bien souvent nouveaux clips, c’est pourquoi Curren$y a choisi d’accompagner chaque projet d’un ou deux clips vidéos, et a même poussé la chose sur Revolver en accompagnant l’EP d’un court-métrage. Chaque vidéo reste fidèle à l’ambiance du morceau tout en développant une esthétique autour de la ride et de cette « Jet Life », leitmotiv qui rythme les journées du stoner originaire de la Nouvelle-Orléans.
L’offre et la demande
L’industrie musicale est arrivée dans une période où le public ne cesse de réclamer de nouveaux projets. La musique se consomme en snacking et même les bons albums sont vite oubliés par les auditeurs qui attendent chaque jour quelque chose de neuf à se mettre sous la dent. Curren$y l’a très bien compris et parvient donc à satisfaire son public en sortant un projet tous les mois. Les fidèles y trouvent leur compte et restent comblés à chaque nouvel EP. Toutefois, en procédant de la sorte, il encourage aussi cette demande perpétuelle de nouveautés et on peut se demander si cela est une bonne chose.
Même si on peut saluer la performance de sortir autant de nouveaux produits de qualité en si peu de temps, il est certains que nombreux sont ceux qui finissent par ressentir une chute d’attention, d’autant que la « recette » employée finit par être voyante. Impossible par exemple de ne pas remarquer la ressemblance entre certains nouveaux morceaux avec d’autres plus anciens du répertoire de Curren$y (voir « Game For Sale » et « The 560 SL »). Les featurings sont eux aussi peu risqués, on retrouve ainsi les « potes » de Shante Franklyn (son vrai nom) que sont Styles P, Wiz Khalifa ou encore Rick Ross. En fin de compte, même après une écoute attentive, on a du mal à retenir les noms des morceaux et encore davantage à identifier de quel projet ils sont issus. C’est pourquoi certains auditeurs commencent à regretter que le rappeur de la New Orleans ne se renouvelle pas plus au lieu de se reposer sur ses acquis, sans savoir vers quoi cela peut mener.
D’autre part, les curieux qui souhaiteraient s’intéresser de plus près à la musique de Curren$y sont susceptibles de se perdre rapidement dans ce flot ininterrompu d’EPs et autres mixtapes, sans pour autant apprécier la très grande homogénéité de ses morceaux. En fin de compte, ces sorties mensuelles ne semblent pas être une façon de tester de nouvelles choses mais plutôt un moyen de renforcer sa fanbase déjà existante.
Quoi qu’il en soit, Spitta Andretti a bien compris comment fonctionnait l’industrie musicale comme il l’explique dans le morceau « Supply & Demand » :
« I just dropped a batch last month They want me to come back again See, it’s called supply and demand Underground, I am the man Mainstream, they not like me »
Le rappeur qui compte déjà plus de cinquante projets (albums, EP, mixtapes) à son actif depuis ses débuts en 2004 s’impose donc comme l’artiste le plus prolifique de ces dernières années et, visiblement, son inspiration semble être sans limite. En attendant l’EP du mois de juillet que Curren$y est probablement en train d’enregistrer à l’heure où vous lisez cet article, nous vous avons concocté une playlist des 10 meilleurs morceaux issus des divers projets que sortis par Currensy depuis janvier.