Pourquoi J Rocc est un génie du mix
A l’heure où tout le monde célèbre les 10 ans du décès de J Dilla, nous tenions à revenir sur un de ses camarades souvent mal connu : J Rocc. Considéré comme le troisième membre officieux de Jaylib, le beat junkie a toujours été proche du fameux producteur de Detroit. Mais c’est pour ses qualités de DJ que nous avons eu envie de lui déclarer notre amour dans ce dossier.
J Rocc : un maitre du turntablism aux cotés des plus grands
J Rocc a commencé en 1985 en tant que DJ du groupe PSK. Mais c’est lorsqu’il fondera The Beat Junkies en 1992 que tout s’accéléra pour lui. Le crew de turntablism gagnera de nombreux concours et sera propulsé comme une des entités majeures de cette discipline naissante. Mais à l’instar de DJ Babu, un membre des beat junkies depuis 1993, J Rocc ne s’enfermera pas dans les concours de turntablism et la surenchère technique. Il se fera plutôt connaître grâce à des dizaines de mixtapes de haut vol et des DJ sets de qualité. On le retrouvera également sur scène aux cotés Talib Kweli, Mos Def ainsi que Madlib et J Dilla, ce qui le mènera donc à être considéré comme le 3ème membre officieux de Jaylib. Mais bien qu’il ait travaillé sur de nombreux projets d’albums, ce n’est qu’en 2011, qu’il se lancera en tant que producteur en sortant “Some Cold Rock Stuff” chez Stones Throw.
Preuve #1 : The Beat Junkies aux finales de l’I.T.F (1998)
Un artiste qui met sa technique au service de la musique
Alors que les turntablists ont tendance à vouloir mettre leur technique en avant à l’image d’un showcase de Q-bert ou D-style où la maîtrise des platines est aussi impressionnante que le peu de musicalité de la majorité des performances, J Rocc lui, met sa virtuosité au service de la musique qu’il aime. La mixtape ci-dessous en est une bonne preuve. Le beat junkie ne se limite pas à un simple jeu de sampleur/samplé. Il intègre de courts samples de Hip-Hop dans des morceaux entiers de Jazz qu’il édite. Son approche s’apparente donc à celle d’un DJ Shadow ou d’un Cut Chemist puisqu’elle est entre le mix et la composition, l’hommage et la création artistique.
Preuve #2 : Droppin Science sa mixtape hommage à Blue Note (2008)
Un DJ qui reste pertinent en 2016
J Rocc a désormais plus de 30 ans de DJing dans les jambes. Mais le beat junkie garde non seulement une énergie incroyable aux platines mais il sait également rester pertinent et innovant. Alors qu’il pourrait se contenter de faire ce qu’il l’a fait connaitre, comme du beat-juggling sur des breaks old school, J Rocc se met en danger et se réinvente sans cesse. Il ose mixer des titres de reggae, de la musique brésiliennes mais également du Footwork ou de la Future Beat à la sauce Soulection, un label et une scène dont il est très proche tant géographiquement que musicalement. Bien qu’il ait plus de 50 000 galettes à la maison, il mixe également sur vinyles timecodés. Il met ainsi les nouvelles fonctionnalités au service de sa créativité. Par exemple, à 35 minutes de sa Boiler Room ci-dessous, il décompose le classique E=MC² en jouant indépendamment chaque pistes.
Preuve #3 : sa dernière Boiler Room Londonienne (2014)
J Rocc fait partie de ces vrais DJ qui sont nés avec le Hip-Hop et continuent aujourd’hui à la fois, à lui rendre hommage et à l’emmener hors des sentiers battus. Peu de DJs peuvent revendiquer une telle longévité, une telle curiosité musicale et une telle faculté à allier technique et musicalité.