3 choses qu’on souhaiterait voir sur le prochain album de Nas
Déjà trois ans que Life is Good, le dernier album en date de Nas, est sorti. Du coup, on commence un peu à s’impatienter. On l’a vu faire des publicités pour Sprite avec Drake, monter des business, fumer des cigares sur Instagram, mais pas la moindre trace d’un nouvel album. En avril dernier, lors d’un concert à Orlando, Nasir avait pourtant annoncé à la foule (dans l’euphorie, sûrement) que celui-ci sortirait « cet été ». Mouais…on a un peu de mal à y croire sachant qu’il n’y a eu aucune info supplémentaire depuis et qu’on est déjà presque en août. En attendant, voici trois choses que l’on souhaiterait vraiment voir sur ce prochain LP. Nas, si tu nous lis…
Une meilleure beat selection
C’est devenu un cliché sacrément ancré dans la tête des amateurs de Hip Hop depuis quelques années: selon une forte majorité, Nas aurait « a bad ear for beats », littéralement « une mauvaise oreille pour les beats ». En clair, alors que tout le monde reconnaît facilement qu’il fait partie des meilleurs lyricists du game, le rappeur de Queensbridge aurait une sérieuse tendance à gâcher ce talent par ses choix douteux de producteurs et d’instrus, à l’inverse de certains rappeurs moins talentueux mais qui parviennent à sublimer leur couplets grâce à de très bons choix de beats. Si cette légende urbaine est sûrement un poil exagérée, puisqu’on peut vous citer de tête au moins 20-30 morceaux de sa discographie dont les beats défoncent, il y a sans doute aussi un peu de vrai là-dedans. S’il on regarde par exemple son dernier album Life Is Good, on se dit que Nas ne fait peut-être pas assez jouer la concurrence entre les beatmakers et donne une confiance aveugle à ceux qu’il affectionne particulièrement comme No I.D. ou Salaam Remi (sans parler de Swizz Beatz…) qui produisent la quasi-totalité du projet. Certes, le résultat n’est pas mauvais, loin de là, mais aucun beat issu de Life Is Good ne restera dans les annales du rap.
Un des défis de Nas pour son prochain album sera donc de prouver à tout le monde qu’il est encore capable de construire une tracklist cohérente et qualitative en terme de production, avec pourquoi pas quelques claques auditives qui, cette fois-ci, mettront d’autant plus en valeur la justesse de ses couplets. Une question demeure cependant: doit-il continuer avec des producteurs expérimentés et familiers (DJ Premier, Large Professor, No I.D., Buckwild…) ou bien faire appel à la génération montante ?
Mass Appeal represent
Au cas où vous seriez passés à côté de l’info (on ne vous en veut pas), Nas s’est allié l’an dernier avec l’entrepreneur Peter Bittenbender pour lancer son propre label Mass Appeal Records, ce qui signifie qu’il pourra sortir son prochain album en tant qu’indépendant, sachant que son contrat avec son partenaire de longue date Def Jam se terminait fin 2014. Un statut qui lui confère bien évidemment une liberté totale en terme de direction artistique notamment, ce qui est loin d’être négligeable.
Aujourd’hui, on le sait, le succès d’un album (ou au moins celui de sa communication) passe beaucoup par les collaborations, les featurings et autres producteurs présents sur le projet. Ces noms extérieurs permettent d’attirer la curiosité, drainer d’autres publics, bref faire monter la sauce avant une sortie. Or, il se trouve que depuis le lancement de Mass Appeal Records, Nas a déjà signé quelques artistes sur son label, et pas des moindres. Jugez-vous-mêmes: Bishop Nehru, ce diamant brut que l’on vous présentait déjà début 2014, Fashawn, le Californien qui ne cesse de monter que nous avons même placé dans notre premier All-Star Game du rap US, mais aussi et surtout Run The Jewels, qui s’affirme comme le duo rap le plus bankable du moment. On pourrait également ajouter à cette liste Boldy James, ce natif de Detroit et protégé de The Alchemist ou pourquoi pas un petit couplet inédit du regretté Pimp C, dont Mass Appeal devait sortir un album posthume.
Nas ne devrait donc pas avoir besoin d’aller voir ailleurs pour chercher des collaborations puisqu’il a déjà tout ce qu’il faut sous la main. Cette stratégie aurait de plus l’avantage de promouvoir de belle manière la richesse et la qualité du label, qui n’a encore sorti aucun projet majeur à ce jour. Une tracklist avec Run The Jewels, Bishop Nehru, Fashawn et quelques stars « extérieures » pour couronner le tout, on est d’accord que ça aurait de la gueule non ?
Du classic material
Même si Nasty Nas n’a plus rien à prouver à personne, lui qui a sûrement créé le meilleur album de tous les temps avec Illmatic, pourquoi se gênerait-il pour montrer à tout le monde (y compris aux plus jeunes) qu’à 41 ans il est toujours capable de construire un album capable de marquer durablement les esprits ? Il faut être honnête, la qualité de la discographie du rappeur de Queensbridge est loin d’être homogène en terme de qualité, même si aucun album n’est complètement raté, ce qui est déjà une performance en soi. Depuis It Was Written… Nas a sorti de bons voire de très bons projets, mais probablement aucun ne mérite le label de « classique ». Si Illmatic et It Was Written.. semblent assez intouchables, il reste sûrement un spot de libre sur le podium des meilleurs LP de Nasir Jones, une place à prendre. Ce qu’on espère, c’est donc un projet qui, au moins, tend vers le classique en terme d’exigence artistique. De la cohérence, de bonnes prod’, des textes impactants, des collaborations choisies, etc. Sommes-nous trop rêveurs ? Peut-être. En est-il capable ? Pas sûr…
Et vous, qu’attendez-vous sur le prochain album de Nas ?