« Les années passent et ne se ressemblent pas ». L’adage appliqué au hip-hop est réel tant le genre se diversifie. Dans tout ce sillage, un nom fait sa place tranquillement mais sûrement. Dreads vissés sur la tête, YBN Cordae a toutes les cartes en main pour devenir celui qu’il a toujours voulu être, un rappeur, et qui sait, peut-être le meilleur de sa génération. Et si, à la manière de Game Of Thrones, il devait n’en rester qu’un, je le choisirais. Comme vous avez pu le lire dans le titre, voici donc 5 raisons de penser que YBN Cordae est le futur roi du royaume rap.
À bientôt 22 ans, YBN Cordae compte déjà plusieurs années de rap dans les pattes. Tout d’abord sous le pseudonyme « Entendre » (qu’il assume entièrement) puis Cordae, son nom de famille qu’il rallie au crew YBN (Young Boss Niggaz aux côtés entre autres de Nahmir et Almighty Jay). Son tout premier projet Anxiety, sorti en 2014, est une pépite à se garder de côté. Mais le jeune ado ne compte pas s’arrêter là et ne s’en cache d’ailleurs pas, que ce soit dans les interviews ou dans sa musique. Il vise le gratin et se donne les moyens de son ambition, en témoigne la tracklist de son premier album studio, THE LOST BOY.
Aujourd’hui, difficile pour un jeune artiste de se mettre toutes les tranches d’âge du game dans la poche. YBN Cordae possède pourtant cette capacité, pouvant faire chavirer n’importe quel fan de rap. Beaucoup auraient pu penser, a priori, qu’il ne serait qu’une copie de la copie d’une copie. Mais comme vous le savez, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. La preuve avec le retour de bâton qu’il a fait subir à J. Cole sur le beat de « 1985 », morceau où il est justement question de fossé entre l’ancienne et la nouvelle école.
Chacun aura son avis mais le bougre se défend sacrément bien, en reprenant notamment des références de diss, tel que le classique « N***o please » de Nas, qui attaquait Jay-Z sur « Ether » quelques années auparavant :
And these supposed to be our heros ? N***o please
Old n***as unreliable like D-Rose knees
Légitimement, YBN Cordae devient une sorte de porte-drapeau intergénérationnel pouvant faire le pont entre les vieux puristes et les soi-disant jeunes incultes.
C’est peut-être le point le plus important. Baigné depuis sa plus tendre enfance dans le hip-hop, Cordae n’a jamais caché ses références : Rakim, Big L, Nas… Ses entraînements se sont faits sur des productions old school, son perfectionnement sur des sonorités plus récentes, notamment avec le crew YBN. Collectif de jeunes nerds fans de jeux vidéo, quelques membres se détachent en proposant du rap lors de sessions live sur les plateformes de gaming vers les années 2015. Partisan le plus âgé, YBN Cordae rejoint tout ce petit monde début 2018. Il apporte avec lui son expérience, ses conseils et profite en contrepartie de la visibilité que le crew a déjà consolidée. Comme premier track, le rappeur va lâcher le remix de « My Name Is » d’Eminem, une instru qu’il va parfaitement gérer et qui servira de présentation à la fanbase YBN. Deuxième coup de maître, son freestyle chez The L.A. Leakers. Jugez par vous-même et constatez avec quelle facilité déconcertante le kid enchaîne old et new school vers la deuxième minute.
Tout le monde est conquis dans le studio. Et ce n’est rien comparé au tubesque « Kung Fu » que Cordae lâchera quelques semaines plus tard sur la chaîne WSHH, prouvant encore une fois l’énorme potentiel du rookie.
La tête sur les épaules, YBN Cordae semble à l’aise avec ce nouveau statut qu’il affirme sur chaque titre, chaque freestyle, chaque interview… Il possède la nonchalance de l’adolescent et la sagesse d’un vieillard. Le rappeur est conscient du besoin de la nouvelle génération mais aussi que la surconsommation est un problème partout, jusque dans la musique. Il déclare par exemple pour le L.A. Times :
We don’t need twenty-song tapes anymore. Give us ten quality ones.
Cordae est loin d’être frivole quand il s’agit de parler musique ou de culture. Sa mère lui a inculqué de solides valeurs, notamment grâce à la lecture d’écrivains d’origines africaines comme William Edward Burghardt Du Bois et son livre Les âmes du peuple noir.
Diddy et Dr. Dre se sont déjà montrés en sa compagnie, clamant haut et fort qu’il était le rappeur à suivre. D’autres poids lourds ont aussi affiché leur soutien au jeune Cordae.
Même J. Cole a fini par approuver le talent de Cordae, à tel point qu’il signe la production du titre « RNP » sur l’album THE LOST BOY, dans les bacs ce vendredi 26 juillet. En France, c’est Orelsan qui a eu la bonne idée de lui proposer un featuring sur « Tout ce que je sais », single issu de l’épilogue de La fête est finie. Inutile de préciser qu’il a plié le titre en deux temps trois mouvements…
Alors, convaincus ? Selon vous, YBN Cordae peut-il devenir le futur roi du rap game ?
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