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La carrière de Craig Mack en 5 faits marquants (R.I.P.)

Un an après Prodigy, un autre acteur de la scène des années 90, Craig Mack disparaissait ce 12 mars 2018. Rappeur au flow dantesque, Craig Mack est surtout la première signature du label de Sean Puffy Combs, Bad Boy Records. Le temps d’un single emblématique des années 90, « Flava In Ya Ear », sa carrière décolle à la vitesse d’une météorite. Malheureusement, l’aura de ce succès médiatique sera éclipsé par l’arrivée d’un autre poids lourd de l’écurie Puffy, The Notorious B.I.G. Après deux albums salués par la critique, celui qui portait aussi bien son nom sur la scène que dans la vie civile, rentre dans le rang à l’aube des années 2000. Retombé dans l’anonymat, il tentera par la suite de timides come backs, qui ne relanceront jamais une carrière décousue. Pourtant, il a été souvent érigé au rang des MCs les plus techniques de sa génération par les passionnés. L’an dernier, Craig Mack avait tout de même été l’objet d’un documentaire, où ses pairs lui rendaient un hommage mérité. Reconverti à la religion, l’éternel espoir de Bad Boy n’a pas pu profiter longtemps de cette reconnaissance tardive. A 47 ans, Mack a rejoint dans les cieux son acolyte, Biggie, pour des freestyles éternels. Voici, en cinq points, les principaux faits d’armes qui ont marqué la carrière éclair de Craig « The Flava » Mack.

La rencontre avec Puff Daddy

Né dans le Bronx en 1970, Craig Mack grandit dans le quartier de Brentwood à Long Island. Adolescent aux traits plutôt ingrats, Craig n’a pas vraiment le physique d’une star du show business. L’éclosion de célèbres rappeurs comme Rakim ou EPMD fait naître alors une émulation dans le quartier de Brentwood. Craig Mack devient dorénavant MC Ez, un sacré client pour les célébrités locales. Par ailleurs, le jeune Mack suit de près sur scène EPMD, devenant par habitude l’assistant de leur DJ Scratch. A 18 ans, il réussit à sortir un premier maxi, prometteur mais confidentiel , intitulé Just Rhymin. De fil en aiguille, il « chill » de plus en plus avec Eric Sermon et sa bande dans les rues de New York. Lors d’une soirée Hip Hop au Mecca, Sermon le présente à l’ambitieux directeur artistique du label Uptown Records, un certain Sean Puffy Combs. Ce dernier lui propose alors de poser quelques couplets sur un single d’une de ses plus prometteuses artistes, la future reine du Hip Hop Soul, Mary J. Blige. Sans être un succès attendu, son passage a le mérite de le faire à connaître à un public plus large.

« Flava In Ya Ear », tube de l’année 1994

Juillet 1994, le beat hypnotique de « Flava In Ya Ear » concocté par Easy Moe Bee tourne inlassablement sur toutes les ondes new-yorkaises. Dans le refrain accrocheur, Mack annonce la couleur : « Time for new flava in ya ear ». Le rappeur de Brentwood inaugure ainsi le label fraîchement monté par Sean Combs, Bad Boy Records. Les ventes du maxi s’envolent immédiatement. En quelques semaines, le disque atteint le million de ventes. Il est alors certifié disque de platine, le premier trophée du label de Puffy. Entre-temps, Puff sort dans la foulée le single plus funky « Juicy » de son autre poulain, The Notorious B.I.G. Malgré le succès du maxi fruité de Biggie, Mack insiste sur le succès de « Flava… » en signant un remix explosif réunissant Biggie, Rampage, la légende LL Cool J, et Busta Rhymes. La vidéo de ce remix contient aussi les apparitions de Puff, Mic Geronimo, Das EFX et Funkmaster Flex. Les critiques n’hésitent pas alors à comparer Mack à l’ex-leader of New School pour leur grain de voix caverneux. Au summum du succès commercial, Craig Mack sort un second single plus dépouillé intitulé « Get Down », qui récolte l’or. La consécration est proche, lors de la nomination de « Flava… » aux Grammy Awards dans la catégorie de meilleure performance de l’année 1995, perdant de peu face au « UNITY » de Queen Latifah.

Le beef Puff/Mack

A la sortie du Ready To Die de Biggie, les relations entre Mack et Puff commencent à devenir tendues. Le rappeur reproche à son producteur d’avoir sorti son album Project Funk Da Word une semaine seulement après celui de Notorious. Pour Mack, ces deux sorties simultanées de Bad Boy font réellement de l’ombre au succès de son album. L’attitude désabusée de Craig Mack lors de la promotion des deux projets confirme ce désaccord entre les deux hommes. Mack se sent ainsi lésé par rapport à la nouvelle étoile montante du label. Il dénonce aussi l’influence trop importante de son producteur musical, Easy Moe Bee déniché chez Uptown Records par Puffy, dans le succès commercial des singles « Ready To Die » et « Party and Bullshit » de Biggie. Il décide de couper une première fois le cordon ombilical avec Bad Boy lors de la réalisation de son second album Operation Get Down en 1997. Celui-ci porte effectivement les logos des labels d’Eric B, Street Life, et celui des controversés frères Gotti. Par la suite, les deux ex-associés entretiendront des rapports complexes, oscillant entre mépris et réconciliation.

Craig Mack, spécialiste des duos Rap/R&B

La carrière de Mack a pris une dimension plus confidentielle lors de sa participation au single de la chanteuse Mary J Blige « You Don’t Have To Worry » en 1993. Par la suite, il multipliera les collaborations avec des artistes R&B renommés. Malgré une voix très âpre, son grain semble s’adapter à des compositions plus mélodiques. Dans cette catégorie, signalons ses participations aux singles de Brownstone, Veronica, ou encore le groupe de Teddy Riley, Blackstreet. L’histoire ne nous a jamais confirmé si le rappeur enregistrait ses apparitions par goût ou simplement pour rester dans la course au Billboard. Mack poussera même le vice à enregistrer un titre avec le crooneur Frank Sinatra pour la bande originale du film What’s The Worst That Could Happen? en 2001.

Une décennie de traversées du désert

De plus en plus au creux de la vague du business Rap au début du second millénaire, Craig Mack se distingue surtout par sa discrétion. Son dernier fait notable reste sa participation au remix du morceau « Special Delivery » du nouveau protégé de Diddy, G Dep en 2002. Malheureusement, celle-ci sera quelque peu éclipsée par les prestations remarquées de Keith Murray et Ghostface Killah. Cette apparition marque aussi la fin de sa carrière au sein de l’industrie musicale. Il tente de travailler sur un troisième album dans le milieu des années 2000 sur son propre label, Mack World.  A partir de cette date, il est de plus en plus en difficile d’avoir des nouvelles de l’auteur de « Flava In Ya Ear ». Les seules informations alors disponibles restent qu’il s’était mis en couple et était père de deux enfants. Ses proches témoignent de son amertume sur les suites de sa carrière musicale. Il semblait profondément affecté par le manque de reconnaissance publique.

En 2015, il brille par son absence lors de la réunion du label Bad Boy lors des BET Awards. Réfugié dans un village en Caroline du Sud pour échapper à ses anciens démons, il s’était entièrement consacré à la foi religieuse. Il animait régulièrement des sermons pour le compte d’une église alternative assez controversée. En 2017, il réapparaît dans les bacs avec une compilation de bootlegs sorti sous le nom de Mack Sessions. D’après son ami Eric Sermon, ils avaient repris ensemble récemment le chemin des studios pour réaliser un ultime album. Malheureusement, ce dernier baroud d’honneur ne verra pas le jour. Le grand cœur de Craig Mack en ayant décidé autrement….

Rémi Chervier

Ayant vécu « l’âge d’or » du Jazz Rap et de la West Coast, il est dans son élément avec Kendrick Lamar, Joey Bada$$ et consorts. Amateur de Jazz, Soul et autres RnBeats.

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