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20 pochettes d’albums Hip Hop au bon goût discutable

UPDATE : Dans la première version de cet article, maladroite où le ton moqueur se mélangeait à du quatrième degré, certains ont pu penser que le but de cette publication était simplement d’afficher un certain mépris pour des projets majoritairement issus de la scène South… Si avec le recul le résultat pouvait en effet être interprété ainsi, l’objectif initial était lui tout autre. Derrière l’analyse visuelle « humoristique » devait figurer une partie musicale qui s’est visiblement perdue en route, avec une publication trop précoce et incomplète qui a laissé place à ce qui pouvait être perçu comme une certaine ignorance… Après quelques corrections et un angle beaucoup mieux maîtrisé, voici donc une toute nouvelle version plus fidèle à l’esprit revendiqué par son auteur et BACKPACKERZ.

Bien avant l’écoute, la pochette représente souvent un premier contact visuel important avec un album. Quand elle est réussie, elle peut même nous pousser à découvrir un projet d’un artiste dont on ne connaît absolument rien. Dans le sens inverse, certaines peuvent décourager l’auditeur potentiel créant une barrière psychologique qui ne donnera pas sa chance au contenu musical…

Les 20 pochettes listées ci-dessous sont à classer dans cette deuxième catégorie, et n’en déplaise à certains, elles ont souvent été source de moqueries depuis leurs parutions. La plupart sont la définition même de cette période dominée par l’agence de graphisme Pen & Pixel qui fournira, notamment à la scène sudiste, ce style si particulier d’artwork. Une marque de fabrique inventée et revendiquée par cette agence, co-fondée par les frères Shawn (ci-dessous) et Aaron Brauch, qui sera à l’origine même du mot bling bling.

A la fin des années 90, leur principal client sera le mythique label No Limit Records de Master P. Une structure musicale arborant comme logo un char d’assaut qui pilonnera notre rétine sans scrupule avec ses pochettes ultra chargées où le bling bling est poussé à son paroxysme. Un style qui fascinera toute une génération et une région jusqu’au début des années 2000 et qui aujourd’hui provoque une certaine nostalgie.

L’œuvre d’art est une exagération (André Gide)

C’est donc avec beaucoup de second degré, et en espérant que cela déclenche quelques écoutes, que débute ce voyage visuel où l’adage « ne jugez pas un livre à sa couverture » sera notre leitmotiv.

PLUTO – Players Like Us Takin’ Over (1995)

On commence fort (peut-être trop) avec cette pochette du groupe PLUTO. Si la Terre est plate, Pluton est bien évidemment une immense barre de fer qui commence à rouiller dans notre galaxie. Et si cette pochette était la vraie raison du déclassement en tant que planète de Pluton ? Sur les 3 rappeurs qui forment ce trio de Houston, et présents dans cette voiture volante, il semble qu’il y en ait un qui ait quelques doutes sur le rendu final de cette pochette. On vous laisse deviner lequel… Produit en grande partie par Jokomo Stein, cet album évolue dans une ambiance très G-Funk dont le morceau « I Getz HYA » (feat. Undaground Madness) restera pour moi l’énorme moment de ce disque et l’un de mes titres préférés de cette année 1995 bien remplie en classics. Je vous conseille aussi d’aller jeter une oreille du côté des « Plutonian Ballerz » et « Playa’s Phonk » (feat. Jiggheadz), satisfaction garantie !

Skull Duggery – These Wicked Streets (1998)

Avec ce second album de Skull Duggery, on a la définition-même d’une sortie No Limit Records à la fin des années 90. Pour la pochette, un visuel choc incandescent. Et côté musique, un disque rempli à ras bord (78 minutes sur les 80 possibles d’un CD) produit par la team Beats By The Pound et où les featuring sont nombreux. Parmi les invités, les collaborations « Mistakes In The Game » avec Snoop Dogg, « I’m Not A Victim » avec Big Ed, Soup Bone & Shad et « If U Feel » avec C-Muder & Slikk The Shocker sont ce qui m’a le plus marqué. Pour découvrir Skull Duggery en solo, je vous renvoie à son titre « For The Fans » en fin de projet.

Criminal Elament – Hit ‘Em Where It Hurt (1994)

Quel est le plus étonnant dans cette cover ? Le pitbull enragé qui semble piloter un train fantôme, ou ce jockey sorti de nulle part qui semble faire la course avec un low rider ? On en oublierait presque les 4 zigotos et leurs flingues. Tout droit sorti de Houston, il ne vous faudra pas plus de 36 minutes pour faire le tour de ce premier album du crew Criminal Elament. 7 morceaux gangsta rap emmenés par le charismatique Ice Water Slaughter avec les excellents « Trippin Out » et « Hit ‘Em Where It Hurt » à ne pas louper.

Lil Flip – Leprechaun (2000)


En reprenant à sa sauce le leprechaun de la boîte de céréales Lucky Charms avec en plus (en trop ?) ce bandeau supérieur bleu tout droit sortie d’une affiche Disney, Lil Flip s’offre au petit déjeuner une version bling bling où les morceaux de guimauves sont remplacés par des diamants à n’en plus finir. Surnommé le Freestyle King, ce projet manque peut être de titre solo à l’image de son gros single « I Can Do That » qui sera son premier hit. Je retiens aussi les « Realest Rhymin » (feat. Slim Thug & E.S.G.), « On Point » (feat. Big James) et le dernier titre hypnotique « Da Freestyle King » en mode screwed.

Luke – I Got Shit on My Mind (1992)

Luke et son groupe 2 Live Crew n’ont jamais fait dans la demi-mesure pour illustrer leurs albums. Pour ses projets solos et notamment celui-là, il est resté dans le même univers élégant et distingué… Ses deux amies ont l’air drôlement surprises de le découvrir sur le trône en train de feuilleter les pages faits divers. Une preuve de plus que la co-location peut parfois être difficile. S’il n’y a qu’un seul morceau à écouter sur ce projet, pour moi ce serait le « Fakin’ Like Gangsters » qui vous permettra par la même occasion de vous familiariser avec l’excellent JT Money (du groupe Poison Clan).

Lil Italy – On Top Of Da World (1999)

Lil Italy fait partie de ces rares artistes qui peuvent se vanter d’apparaître 4 fois sur la même pochette d’un de ses albums. Le meilleur, c’est sans aucun doute ces inserts de lui en t-shirt noir placés de chaque côté de la voiture avec la même photo utilisé deux fois et inversé… Il fera partie de ces transfuges west coast qui ont atterri chez No Limit Records à la fin des années 90 avec un résultat qui n’aura pas vraiment marqué les esprits. A écouter quand même pour découvrir : le titre « 7 Dayz A Week ».

Solo Slim – Sew’d It Up (2001)

La pochette de son projet Thuggin’ It And Luv’n It avec son duo Slim & Danja était déjà quelque chose de grandiose, mais là on atteint des sommets. Une aiguille pour refermer les enfers, le tout avec ce magnifique bonnet péruvien et l’aide inconditionnel d’un de ses potes sur un engin de chantier. Solo Slim est un super-héros Marvel qui n’aura jamais eu la reconnaissance qu’il mérite. Côté musique, le morceau « L-O-V-E-D-W-E-E-D » avec J.D. est des plus prenant et explique certainement beaucoup de chose.

Sexx Fiends – Let’s Get Butt Naked (1994)

Un soutien-gorge clouté en cuir en guise de tapis volant pour ces deux Aladdins des temps modernes… Pas besoin de vous dire quel est le sujet de prédilection du duo Sexx Fiend composé de Tiny T et Rated X… Tout tourne autour du sexe, avec comme apothéose les balades « Cum With Me » et « Suck On ».

2-Def – Str-8 Doin Tha Fool (1997)

Pas forcément le projet à sortir pendant la journée internationale des droits des femmes. Ici la femme est un tout petit objet stocké dans une maison de poupées, et qu’on nourrit au champagne… L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, le sexisme aussi. L’intro de ce projet de 2-Def est juste démente mais malheureusement ça retombe assez vite pour passer ensuite dans quelque chose de très commun pour l’époque…

Too $hort – Cocktails (1995)

Si Too $hort n’a peut-être pas osé appeler cet album Cock Tales comme l’un des morceaux de sa tracklist, ça ne l’a pas du tout dérangé de placer des femmes dénudées dans des verres de Martini enlacés par des serpents… La tête dans les nuages, le pimp reste fidèle à sa réputation. Si on arrive à mettre de côté cette mise en scène de mauvais goût pour la gent féminine, on a le premier album Hip Hop d’un artiste solo réalisé uniquement avec des instruments live (produit par le génial Ant Banks). Certainement l’un des meilleurs projets de la discographie de $hort avec comme morceaux références les « Paystyle », « Top Down », « We Do This » avec 2Pac, MC Breed et Father Dom, et « Sample The Funk » qui rend hommage aux légendes de la funk.

Mercedes – Rear End (1999)

Je crois que le mot « classe » nous vient tous à l’esprit pour décrire la mise en scène de cette pochette. Une parenthèse poétique et coloré imitéé par sa copine A-Lexxus sur son projet Let’s Ride (qui ne sortira jamais). Le seul souvenir que j’ai de cet unique album de la rappeuse/chanteuse Mercedes, c’est son titre lancinant « Bonnie And Clyde » avec Magic et l’interlude « Talk Dirty To The DJ » qui conclut ce projet…

CMP – Da’ Game (1998)

Le plus étrange n’est certainement pas que les 3 artistes aient voulu être incarnés par des chiens (quoique…), mais plutôt la présence au second plan de ce servant au regard malicieux qui prépare un mauvais tour. Intriguant… Le groupe d’Atlanta C.M.P. (pour Causing Much Pain) est surtout connu pour leur affiliation au gang Diablo et pour leur hit « Ballin », avec comme autre temps fort de leur second album : le très bon morceau « Georgia ».

Lil’ Cease – Wonderful World Of Cease A Leo (1999)

Membre du groupe Junior M.A.F.I.A. aux côtés de The Notorious B.I.G. et Lil Kim entre autres, Lil Cease n’aura sorti qu’un seul et unique album solo dans sa carrière. Quelque chose me dit que quand il décide de se réécouter ce projet un soir d’hiver au coin du feu, certains regrets lui viennent à l’esprit en regardant cet artwork qui lui semblait une excellente idée à l’époque… Pour ce projet, le cousin de Biggie s’est entouré de pas mal de monde dont les plus connus sont Busta Rhymes, Jay-Z, Redman, Lil Kim, G Dep et Puff Daddy. Un album emmené par le single « Play Around » qui contient certainement l’un des meilleurs couplets de la carrière de Lil Kim, et du côté de Cease les fans de NBA apprécieront la référence : « about to upset New York like Reggie Miller » sur ce même titre.

Big Bear – Doin Thangs (1998)

Même si on ne parle pas un mot d’anglais, on peut facilement arriver à en déduire que « bear » signifie « ours ». La légende raconte que Winnie l’ourson aurait été recalé au casting car les peignoirs en satin n’allaient pas avec son teint. L’histoire ne dit pas par contre si ces pauvres ours ont eu le droit de manger le lettrage en miel après le shooting… Derrière cette pochette se cache un album plutôt bien ficelé niveau production et un Big Bear appliqué. « No Lies », « Heaven Or Hell » et surtout ce « Player Hatas » (qui reprend le refrain du « Human Nature » de Michael Jackson) forment mon Top 3 de ce projet.

Mystikal – Ghetto Fabulous (1998)

Second et dernier album de Mystikal sur No Limit Records, et il était visiblement hors de question qu’il quitte ce label sans sa pochette typique… Sur son précédent projet, le résultat façon puzzle était déjà très limite, quoique conceptuel. Là on est dans quelque chose de très très spécial qui m’angoisse un peu… La discographie de l’énergique Mystikal sera une montée en puissance permanente assez rare avec des hits et des ventes qui ne feront que grossir projet après projet. Si cet album n’est pas mon préféré de sa discographie, il contient de quoi titiller vos oreilles avec notamment l’énorme enchaînement « I’m On Fire » et « Whacha Want, Whacha Need » avec Busta Rhymes qui vaut le déplacement.

B.G. – Chopper City (1996)

La citation d’André Gide mentionné dans le texte de présentation colle parfaitement à cette pochette où la subtilité n’a visiblement pas été invitée. Le message est clair, peut être un peu trop, avec un rendu légèrement chargé. Premier album solo de B.G. à seulement 16 ans, cette sortie Cash Money Records sera produite entièrement par Mannie Fresh (gage de qualité donc). Un projet qui servira aussi de rampe de lancement au raz-de-marée à venir du groupe Hot Boys (B.G., Lil Wayne, Juvenile & Turk). Sur Chopper City, Le rappeur de la Nouvelle-Orléans enchaîne les titres avec une insouciance fascinante dont les « Uptown Thang », « Bat A Bitch » (et son fameux sample), « Order 20 Keys » et « Doing Bad » restent mes meilleurs souvenirs. Peut être mon projet préféré de cette liste. L’histoire veut que c’est lors d’un rendez-vous avec l’agence Pen & Pixel que ces derniers et B.G. prononceront pour la première fois le mot bling bling pour décrire ces effets et inserts clinquants recherchés par tous les rappeurs de l’époque.

Trick Daddy – www.thug.com (1998)

Il est vrai qu’en 1998 la plupart des sites se présentaient plus ou moins comme cela, mais qui a eu l’idée lumineuse d’insérer cette photo pixélisée de la tête de Trick Daddy en mode psychopathe ? Le projet qui lancera véritablement la carrière de Trick Daddy et par la même occasion celle de Trina qu’on retrouve sur le single « Nann ». Les deux artistes signés sur le label Slip-N-Side Records incarneront un certain regain d’intérêt pour la scène de Miami à la fin des années 90. Si vous vous lancez l’écoute de cet album, il vous faut absolument la version avec le bonus track « I Luv » sur lequel on retrouve Scarface, Too $hort et Daz pour une collaboration de haute voltige.

Cam’ron – Confessions of Fire (1998)

Regard espiègle masse à la main, salopette en cuir et giclée de métal fondu en arrière-plan, celui qui a popularisé le slogan polémique « No Homo » a certainement signé sans s’en rendre compte à l’époque la pochette d’album la plus Village People du rap game. Oh Boy ! Celui qu’on a découvert en 1995 en tant que Killa Cam sur l’unique album Lifestylez ov da Poor & Dangerous du regretté Big L, signe un premier album solo solide avec quelques fulgurances comme cette conversation avec la mort sur « Death », ce storytelling touchant sur « D Rugs » ou le morceau de fin « Who’s Nice ».

Big Ren – Tha Streets Won’t Let Me Go (2002)

Big Ren voulait absolument une pochette qui colle au titre de son projet et il a visiblement trouvé un génie capable de rendre cela possible. On apprécie l’effort, mais un peu moins le résultat… Ce projet est le premier de la courte discographie du rappeur de la Nouvelle Orléans, seulement 2 albums à son actif. On retiendra les « Pain Runs Deep », « Me Against Myself » et surtout « Eyes Behind My Back ».

Baby – Birdman (2003)

Premier album solo de Baby, qui suite à cette sortie, se fera dorénavant appeler Birdman. Pour l’occasion, on a eu droit à un montage animalier qui est loin d’être aussi majestueux que le rapace représenté. Une pochette qui sera la dernière réalisée par l’agence Pen & Pixel, collector donc ! Il aura fallu 10 ans à Baby pour sortir un premier album solo. Fondateur du label Cash Money Records et membre du duo Big Tymers (aux côtés de Mannie Fresh), il s’est servi de son carnet d’adresse pour inviter du beau monde. A retenir : bien évidemment l’énorme single « What Happened to That Boy » avec le duo Clipse produit par les Neptunes, « I Got To » avec son fils spirituel Lil Wayne, « Say It Isn’t So » (pour la présence de Keith Murray) et les bonnes vibes de Jazze Pha sur « On The Rocks » et « Ice Cold ».

matic

A placé le Hip Hop sur écoute de façon illégale. Souhaite être enterré dans une boîte à rythme avec sa collection de K7 audio et un recueil des meilleurs couplets de Rakim. Fondateur du blog LE HIP HOP SUR ECOUTE.

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