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Icône planétaire de son vivant, le statut de Michael Jackson n’a pas changé après sa mort. A l’occasion du triste anniversaire de son décès brutal le 25 juin 2009, nous voulions lui rendre une nouvelle fois hommage à notre façon. Durant sa carrière MJ n’a jamais hésité à mélanger les styles et, très tôt, il a même montré un véritable intérêt pour la culture Hip Hop. A travers 10 morceaux, nous allons revenir sur ses différentes collaborations avec des rappeurs dans une période allant du début des années 90 jusqu’à ce 25^ème anniversaire du mythique album Thriller.

Si beaucoup se sont permis de sampler ou remixer à leur façon des titres du King of Pop, très peu ont eu la chance au final de collaborer réellement avec Michael Jackson lui-même. Pour trouver ces 10 collaborations avec le milieu rap, il aura fallu aller creuser un peu plus profond dans des remixes officiels ou dans des titres qui n’auront pas été retenus sur les tracklists de ses projets. Toutefois, ces morceaux ont tous été validés par MJ de son vivant avec des résultats très différents et plus ou moins mémorables.

« Black Or White » avec L.T.B.

Sortie : 1991, sur l’album Dangerous

Pour commencer, le premier rappeur de cette liste n’en est finalement pas un… L’histoire de ce passage rappé sur le premier single de l’album Dangerous mérite d’être raconté une nouvelle fois. Lors de la création de ce titre, Michael Jackson et Bill Bottrell se sont retrouvés assez vite avec une maquette bien avancée. Cependant, il restait un petit passage vide dont ils ne savaient pas encore quoi en faire. Producteur et parolier aux côtés de MJ sur ce titre, Bill a décidé dans son coin d’écrire et interpréter quelques mesures de rap pour ensuite les soumettre à Michael. Ce rajout, qui à la base aurait dû être réinterpréter par un ‘vrai’ rappeur dans l’esprit de Bill, a finalement plu comme ça à Michael qui a donc décidé de le garder tel quel. Voilà comment, un peu malgré lui, Bill Bottrell (sous le pseudonyme de L.T.B.) s’est retrouvé sur ce fameux single.

Le thème de ce morceau, le racisme, fait écho bien évidemment aux discours de beaucoup de rappeurs de l’époque en ce début des années 90. D’où l’idée de Bill de rapporter un élément de la culture Hip-Hop dans ce titre. Cependant, dans une période où un certain style de rap prenait un virage virulent comme le gangsta rap, de nombreuses radios décident de boycotter le Hip-Hop tout simplement… C’est pour cela que les stations généralistes ont tout de suite exigé une version de ce single sans la partie rap, pourtant limitée à seulement 8 mesures d’un discours rassembleur et important : « I’m not going to spend my life being a color ». Heureusement, l’attitude de ces diffuseurs va vite changer devant la popularité grandissante de ce style dont ce titre sera l’un des premiers grands tubes Pop Rock à mettre en avant le rap de cette manière.

« Jam » avec Heavy D

Sortie : 1991, sur l’album Dangerous

Si « Black Or White » fût le premier single de l’album Dangerous, c’est bien le titre « Jam » qui a été choisi pour ouvrir ce projet. Une nouvelle identité sonore pour MJ qui a décidé de mélanger la New Jack Swing de Teddy Riley et la Pop de Bruce Swedien. Autre particularité sur ce titre, cette omniprésence de scratchs emprunté au Hip-Hop tout comme l’apparition d’Heavy D. Le leader du groupe Heavy D & The Boyz qu’on retrouve donc aux côtés de Michael, trois ans après sa collaboration avec sa sœur sur la version clipée de son tube « Alright ». En parlant de vidéo, celle de « Jam » est aussi resté dans les annales avec cette présence d’un autre MJ, son altesse Michael Jordan. La star NBA des Chicago Bulls s’est offert un cours particulier de Moonwalk avec le King of Pop lui-même. A noter également dans ce clip, les apparitions du groupe Naughty By Nature et du duo Kriss Kross pour renforcer l’esprit Hip-Hop de ce titre.

« She Drives Me Wild » avec Aqil Davidson

Sortie : 1991, sur l’album Dangerous

Finalement, rien d’étonnant à retrouver Aqil Davidson sur cet album. Membre du groupe Wreckx-n-Effect aux côtés du frère de Teddy Riley, on se doute logiquement d’où vient l’idée de cette collaboration avec le MC de Harlem. C’est bien le producteur et inventeur du genre New Jack Swing qui, une nouvelle fois après Heavy D sur « Jam », a réussi à convaincre MJ d’apporter une vibe Hip-Hop à ce titre. Un morceau très urbain dans sa construction, sans mélodie marquante, et articulé principalement autour de bruitages de voitures pour sa partie rythmique. La place laissée au rap est encore à la marge et finalement la collaboration se résume à seulement 8 petites mesures de Aquil. Une apparition très courte donc, tout comme celles de L.T.B. et Heavy D, avec la même limite de temps pour leur couplet. Toutefois, ces différents featuring rap, sur une sortie Pop majeure comme ce nouvel album de MJ, ont véritablement contribué à donner encore plus de crédit à ce style en pleine expansion.

« Serious Effect » avec LL Cool J

Sortie : unreleased enregistré pour l’album Dangerous

Avant de prendre un nouveau tournant New Jack pour Dangerous à la toute fin des années 80, Michael avait commencé à enregistrer des morceaux dans un style très différents. Des titres réalisés aux côtés de Bryan Loren qui n’ont pas été gardés pour son nouvel album. Parmi ces inédits qui feront surfaces sur le net à la fin des années 90, il y a ce morceau « Serious Effect » avec LL Cool J. Star incontournable du Hip-Hop à l’époque, LL avait déjà tout pour prétendre à ce genre de collaboration avec Michael. Ses affinités pour les morceaux tournants autour du thème de l’amour ont été finalement un argument de poids pour déclencher cette rencontre avec MJ. La prestation de LL est convaincante dans un univers très funky et en effet très différent de celui de Dangerous.

« This Time Around » avec Biggie

Sortie : 1995, sur l’album HIStory

Refermons la page Dangerous pour nous projeter maintenant dans le projet suivant de MJ avec HIStory : Past, Present and Future. Un double album qui mélange compilation best-of sur la partie HIStory Begins et inédits sur HIStory Continues. En plein scandale sexuel, pour la première fois l’empire de Michael Jackson a commencé sérieusement à vaciller, avec une inspiration musicale moins marquante. Quoi qu’il en soit, ce projet contient quand même son lot de tubes avec deux énormes collaborations. La première avec sa sœur Janet sur « Scream » et la seconde avec un certain The Notorious B.I.G. sur le morceau « This Time Around ». En ce qui concerne ce dernier titre, Biggie ne se déplace pas pour seulement 8 mesures comme les featuring cités précédemment, mais c’est bien un traditionnel couplet de 16 bars qui lui est offert. Une présence charismatique qui reste de loin ma collaboration préférée de cette liste avec une portée toute symbolique depuis la disparition de ces deux artistes…

« 2 Bad » avec Shaquille O’Neal

Sortie : 1995, sur l’album HIStory

Si le featuring précédent avec Biggie résonne encore toujours aujourd’hui, on ne peut pas dire la même chose de cette performance anecdotique de Shaquille O’Neal. Le pivot dominant apparaît en toute fin du titre « 2 Bad » avec juste quelques mesures, dont le principal intérêt sera de pouvoir ensuite relancer une dernière fois le refrain après ce pont. Ce morceau sample le mythique « King of Rock » du groupe Run–D.M.C. et a souvent été présenté à tort comme une suite du hit « Bad » (en partie à cause de son titre). Deux morceaux qui n’ont pas grand-chose en commun avec un résultat bien différent. Côté Basket et un an plus tard, le Shaq rejoint Kobe Bryant aux Lakers avec qui il gagnera trois titres d’affilée entre 2000 et 2002 pour des performances sportives bien plus intéressantes que sa carrière musicale.

« 2 Bad (Refugee Camp) » avec John Forté

Sortie : 1997, sur l’album Blood on the Dance Floor

En lieu et place de Shaquille O’Neal, c’est John Forté qu’on retrouve sur le remix du morceau « 2 Bad » extrait du projet Blood on the Dance Floor: HIStory in the Mix de MJ. Un album encore une fois mixte, composé de 5 inédits et 8 remixes, dont ce morceau produit par Wyclef Jean, Pras et Te-Bass. Cette version mélange subtilement l’univers des Fugees et celui du King of Pop pour un résultat qui offre une nouvelle variante plutôt très efficace au titre original. L’utilisation du thème de « Beat It » n’y est bien évidemment pas pour rien, tout comme la prestation de John Forté qu’on avait découvert un an plus tôt sur l’album The Score des Fugees.

« Unbreakable » avec Biggie

Sortie : 2001, sur l’album Invincible

Dernier album solo de son vivant, c’est en ouverture de ce Invincible qu’on retrouve une nouvelle fois le duo MJ et B.I.G. Décédé en 1997, le King of New York est donc ressuscité le temps d’une chanson sur ce morceau « Umbreakable ». Un titre qui emprunte pour l’occasion le deuxième couplet de Biggie tiré du titre « You Can’t Stop the Reign » de Shaquille O’Neal. Le passage choisi colle parfaitement au thème du morceau de MJ dans lequel le chanteur reviendra sur tout ce qui lui est arrivé ces dernières années, et notamment les critiques et rumeurs dont il a été la cible permanente. Ce titre évolue dans un style très New Jack, orienté Pop, et avec une touche Hip-Hop qui renforce encore plus le côté déterminé de ce morceau. Pour l’anecdote, Jackson aurait voulu faire de ce titre le premier single de son album, mais sa maison de disque choisira « You Rock My World ».

« Butterflies (Remix) » avec Eve

Sortie : 2001, sur le single remix « Butterflies (Track Masters Remix) »

Si The Notorious B.I.G. est le seul rappeur présent sur Invincible, deux grands noms de la scène Hip-Hop du début des années 2000 ont eu l’honneur de figurer sur des remixes. Ce premier nom c’est Eve, la first lady du collectif Ruff Ryders, qu’on retrouve donc sur le remix officiel du single « Butterflies ». Un titre produit par le duo de producteurs Trackmasters, aidé par Cory Rooney, qui offre une toute nouvelle version à ce morceau écrit en partie par Marsha Ambrosius. Sur cette ballade, E-V-E y laisse deux couplets dans une ambiance groovy à souhait avec des touches jazzy subtiles. Une grande réussite !

« You Rock My World (Remix) » avec Jay-Z

Sortie : 2001, en face B du single « Speechless »

Ce remix avec Jay-Z du premier single de l’album Invincible a été dans un premier temps un titre très recherché. Réservé uniquement pour le continent asiatique en face B du single promo « Speechless », il a donc fallu patienter plusieurs mois pour que le reste du monde puisse enfin découvrir cette collaboration alléchante. Jamais commercialisées, aujourd’hui, les rares versions physiques se vendent à prix d’or. Côté musique, ce titre est également remixé par les Trackmasters avec un résultat plutôt entraînant. A l’aise sur ce type de son, Jigga fait du Jigga et commence son couplet par du gros name-dropping avec une liste de personnalités composée de Jordan, Jackson, Tyson, Hugh Hefner, Lara Croft et Spielberg. La prestation reste honorable mais contrairement à Eve, qui a eu droit à un second couplet de 8 mesures sur son titre, la deuxième intervention de Shawn Carter reste, elle, très sommaire.

Et pour les 11 ans de cette disparition, voici un 11ème morceau bonus :

« The Girl Is Mine 2008 » avec will.i.am

Sortie : 2008, sur l’album Thriller 25

Pour ce dernier titre, projetons-nous dans le projet Thriller 25 qui comme l’indique son nom fête les 25 ans de l’album le plus vendu de tous les temps. Pour l’occasion, cinq morceaux de la version originale ont été remixés. will.i.am, producteur exécutif du projet, se retrouve à la production de trois de ces titres, le reste étant confié à Akon et Kanye West. Les versions 2008 de ces morceaux légendaires vont déclencher les passions avec des discussions toujours en cours pour savoir si cela était vraiment une bonne idée de se lancer dans des remixes de ce monument de la musique… En ce qui me concerne, je trouve toujours plutôt intéressant et sympathique cette réinterprétation de « The Girl Is Mine » de will.i.am. Par contre, l’intervention au micro du leader des Black Eyed Peas est, elle, très limitée.

Pour conclure, Thriller 25 sera finalement le dernier projet validé par Michael Jackson avant son décès l’année suivante dans des circonstances qui restent encore aujourd’hui très floues. C’était donc il y a déjà 11 ans…