Les 10 meilleurs albums rap anglophone de 2019, classés
Découvrez notre classement des meilleurs albums rap anglophone de 2019. Une cuvée qui, malgré l’absence ou les ratés de plusieurs superstars, nous a régalé lors de quelques vagues de sorties.
Vu le niveau exceptionnel de l’année 2018 , les attentes autour de la scène rap anglophone étaient forcément élevées en 2019. Malheureusement, on ne va pas se mentir, il serait difficile de dire avec certitude que ces douze mois resteront gravés à jamais dans les annales du hip-hop, notamment du fait de l’absence de certaines superstars comme Drake et Kendrick Lamar, qui ont probablement préféré se réserver pour la nouvelle décennie, ou des espoirs relativement déchus comme Kanye West.
Néanmoins, cela ne nous a pas empêché de nous régaler lors de plusieurs vagues de sorties, ni d’observer avec intérêt les mouvements d’un genre qui ne cesse d’évoluer. Entre la montée inexorable du rap britannique, quelques grands retours qui ont tenu leurs promesses, des tauliers à la régularité intacte et de jeunes phénomènes prêts à tout casser, la cuvée 2K19 n’est pas dénuée d’intérêt, loin de là. Voici donc ci-dessous notre classement des 10 meilleurs albums rap anglophone (US/UK) de l’année.
10. Danny Brown – uknowhatimsayin¿
Sortie : 4 octobre 2019
Le rappeur hors norme à la voix la plus nasillarde du Rap US nous a fait le plaisir de revenir dans une forme olympique pour son cinquième opus. Exit le MC édenté à la crinière hirsute digne d’un crackhead, Danny Brown s’est refait une beauté à l’approche de la quarantaine mais garde toujours sa part de folie et de bizarrerie bien chevillée au corps. Sur uknowhatimsayin¿, il confie l’entière direction artistique de ce projet qu’il décrit comme son standup comedy album au taulier d’A Tribe Called Quest, Q-Tip (bien que son fidèle bras droit, Paul White, ne soit jamais loin des consoles). Classicisme et spirale d’idées farfelues (davantage contenues qu’à l’accoutumée) se rencontrent donc au fil de ces onze tracks minimalistes du rappeur anticonformiste de Detroit. Danny Brown vit sa « Best Life », délivre un album à l’humour barré dont lui seul a le secret et clôture ainsi sa décennie en trombe, lui qui a jalonné les années 2010 de grands albums complètement détraqués. – Simon Da Silva
9. Big K.R.I.T. – K.R.I.T. Iz Here
Sortie : 12 juillet 2019
On l’oublie trop souvent mais cela fait maintenant une bonne dizaine d’années que Big K.R.I.T. nous sort des projets de qualité avec une régularité d’horloger, devenant l’un des rappeurs/producteurs les plus respectés du game, malgré l’absence d’énormes hits à son palmarès. Ce K.R.I.T. Iz Here ne fait pas exception à la règle. Comme une réponse à la mixtape K.R.I.T. Wuz Here qui l’avait placé sur la carte en 2010, ce quatrième album studio souligne toujours autant l’énorme influence de Houston (UGK, DJ Screw…), réel fil conducteur de la carrière de K.R.I.T. Mais à l’inverse du précédent 4Eva Is a Mighty Long Time, l’artiste y ajoute des styles beaucoup plus actuels, s’essayant à plusieurs modes du moment, flirtant même parfois avec la copie un peu grillée (« Addiction » ressemble par exemple beaucoup à « I Love It » de Lil Pump et Kanye West). L’ensemble reste néanmoins quali et homogène, avec peu de choses à jeter. Un peu comme tous les opus de Big K.R.I.T. finalement. – Hugo Ferrandis
8. Maxo Kream – Brandon Banks
Sortie : 19 juillet 2019
Pour son second album studio, le premier sur une major (RCA Records en l’occurrence), Maxo Kream nous emmène dans les recoins les plus sombres de Houston – sa ville natale – avec pour fil rouge son père (que l’on entend pour de vrai sur le titre « Still »), qui montait toutes sortes d’arnaque sous le blaze de… Brandon Banks, d’où le nom du projet. Une relation père-fils que Maxo Kream aborde sous plusieurs angles, mais toujours avec cet indéniable talent de storyteller et cette voix qui transpire l’authenticité. Si vous préférez les refrains mélodieux et les harmonies, passez votre chemin car Brandon Banks est un pur album de rap, servi par des producteurs haut de gamme (sous la houlette du légendaire compère texan Mike Dean), tous comme les collaborateurs que sont Travis Scott, ScHoolboy Q, A$AP Ferg ou encore Megan Thee Stallion. – Hugo Ferrandis
7. IDK- Is He Real?
Sortie : 4 septembre 2019
En pleine rentrée 2019, le rappeur IDK avait glissé dans nos oreilles un album que nous n’étions pas les seuls à attendre. En effet, les précédents projets du rappeur du Maryland ainsi que les singles « 24 » et surtout « Digital », sortis plus tôt dans l’année, avaient suffit à taper dans l’oeil des plus fins observateurs. Is He Real? est un album rempli de surprises. La première et la plus évidente est celle qui nous laisse bouche bée lorsqu’on reconnait la voix des invités non crédités, notamment Tyler, The Creator, DMX ou encore Pusha T. Ensuite la production, superbement dirigée par IDK lui-même, qui habille ce projet de couleurs à la fois originales mais aussi diablement actuelles. Enfin, alors qu’IDK aurait pu se contenter d’utiliser sa technique pour délivrer un album de plus fait de bangers et d’egotrip, il invite l’auditeur à la réflexion sur des sujets profonds tels que la mort, l’existence de Dieu ou encore son addiction au porno. Un voyage musical de 14 titres qui fait du bien et qui rappelle que certains rappeurs tiennent encore à allier le fond et la forme. – Antoine Bosque
6. YBN Cordae – The Lost Boy
Sortie : 26 juillet 2019
Adoubé par les plus grands comme le futur roi du game US, la pression était lourde pour ce kid de seulement 22 ans. Mais celui qui avait lâché ses premiers rap en 2013-2014 sous le pseudonyme Entendre semble avoir la tête bien sur les épaules. Fort de son statut, il a réussi à attirer sur ce premier album solo des invités prestigieux tels qu’Anderson .Paak, Meek Mill ou Pusha T (décidé à feater avec la terre entière cette année). Alors qu’on attendait celui qui a osé remettre J. Cole à sa place dans un registre trap à la sauce 2019, Cordae nous avait pris à contre-pied avec un album aux inspirations très soulful qui rappellent les plus belles heures des Little Brother ou du duo Talib Kweli et Hi-Tek. Entre bangers ultra-efficaces (« Broke As Fuck »), tubes aux accents funky (« RNP ») et balades soul accompagnées de Chance The Rapper ou Ty Dolla $ign, Cordae prend le temps d’évoquer sur The Lost Boy des sujets qui le touchent comme la famille, la pauvreté qui affecte sa communauté ou l’addiction aux réseaux sociaux. Un album solide qui, s’il est loin d’être un chef d’oeuvre, mérite amplement sa place dans ce Top 10 de l’année 2019. – Antoine Bosque
5. Freddie Gibbs & Madlib – Bandana
Sortie : 28 juin 2019
Après avoir marqué les esprits avec leur première collaboration en 2014, Freddie Gibbs et Madlib sont de retour cinq ans plus tard avec la suite tant attendue de Pinata. Bandana est différent de son prédécesseur musicalement, mais on y retrouve toujours l’aspect gangsta rap de Freddie Gibbs magnifié par les beats de Madlib. Ce dernier varie les plaisirs en alternant entre production smooth, soulful, et bangers aux accents trap, n’hésitant pas à mêler les deux dans certains titres en opérant des beat switches en plein milieu des morceaux. Quelques invités de marque que sont Killer Mike, Pusha T ou encore Anderson .Paak font également leur apparition sur le projet, apportant chacun leur valeur ajoutée. Bandana scelle ainsi une nouvelle collaboration fructueuse et réussie entre un génie de la production et un rappeur immensément talentueux. – Rémi Chervier
4. Denzel Curry – ZUU
Sortie : 31 mai 2019
Moins d’un an après le très bon (mais légèrement indigeste) Ta13oo, Denzel Curry était déjà de retour dans nos oreilles avec un nouveau projet intitulé ZUU. Préférant cette fois-ci un format réduit (12 tracks soit 30 minutes d’écoute), le rappeur floridien fait dans l’efficacité avec un album qui enchaîne banger sur banger. Bien lancé par l’énorme single « Ricky », ZUU transpire la chaleur assommante d’un été à Carol City, banlieue de Miami dont est originaire Curry ; mais aussi ce bon vieux Rick Ross, qu’on retrouve en invité sur l’album. Porté par les productions rutilantes de l’habituel duo australien FnZ, ZUU, sans révolutionner son art, livre un rap authentique et sur-vitaminé dans sa formule la plus actuelle. Le genre d’album qui vous aidera à réchauffer l’atmosphère d’une soirée cet hiver. – Antoine Bosque
3. Little Simz – Grey Area
Sortie : 1er mars 2019
Little Simz avait enchanté avec Stillness In Wonderland. La rappeuse anglaise est passée à l’étage supérieur avec Grey Area. Dès les premières mesures de « Offence », elle met la barre très haute avec son flow toujours plus incisif. Simz passe par tous les états dans ce nuage gris. La mélancolie dans « 101 FM », la dépression dans « Pressure » ou l’angoisse dans « Flowers », l’auteure s’interroge avec une intelligence rare sur sa condition de jeune femme artiste. Mais jamais elle ne cède à la facilité artistique, qui consisterait à se replier sur elle-même, bien assistée dans cette thérapie par son complice Inflo ou encore le français Astronote. Côté musique, Grey Area passe allègrement de productions rugueuses à des musiques plus soignées. Dans ces domaines, le must est à accorder à « Venom » ou le superbe « Selfish » avec Cleo Sol. Paradoxalement, cet album reste le meilleur anxiolytique à la morosité musicale. – Clément Nadjo
2. GoldLink – Diaspora
Sortie : 12 juin 2019
Pour son deuxième album studio, le rappeur de la capitale américaine nous offre un excitant voyage rythmé par des sonorités métissées. À l’heure de la globalisation des cultures, GoldLink fait preuve d’une véritable agilité pour que sa « Diaspora » d’influences ne se disperse jamais, évitant ainsi le casse-gueule de l’appropriation culturelle. Grâce à des invités triés sur le volet (Wizkid, Jay Prince, Bibi Bourelly, WSTRN, Jackson Wang, Maleek Berry, Ari PenSmith…), tous plus pertinents les uns que les autres, ce brassage culturel et musical se marie à merveille avec le flow délectable de D’Anthony Carlos. Porté par le single « Zulu Screams » et son ensorcelant groove afro-house, Diaspora est un cocktail bien relevé qui s’affranchit des frontières pour nous enivrer jusqu’au crépuscule de 2019. Bien sûr, on regrettera que son année soit quelque peu gâchée par cette polémique inutile autour du regretté Mac Miller, mais on est ici pour ne juger que la musique, et rien d’autre. – Simon Da Silva
1. Tyler, The Creator – IGOR
Sortie : 17 mai 2019
Armé d’un nouvel alter-ego flamboyant, Tyler, The Creator a surpris son monde avec IGOR. Entièrement de son cru, de l’écriture à l’arrangement des morceaux, ce disque ne ressemble à nul autre. Les synthétiseurs caressent la prod avant de la violenter. Les sonorités jouent, se fâchent puis se réconcilient, du moins pour un temps. Pop et expérimental, le projet flirte avec le génie foutraque de Yeezus et réinterprète la subtile touche des Neptunes, dont l’influence reste palpable. En résultent douze titres indissociables, dans lesquels chaque nouvelle émotion vient répondre à la précédente. En toile de fond, la rupture amoureuse, dont Tyler Okonma décortique un à un les sentiments complexes, renforçant ainsi la teneur de ce chef d’oeuvre. – Florian Perraudin-Houssard
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