BACKPACKERZ

On ne recense plus les multiples hommages musicaux à J Dilla depuis sa disparition en 2006. Certains titres sont depuis rentrés dans la légende, comme par exemple « Dear Dilla » de Phife Dawg, « Can’t Stop This » de The Roots ou encore « Telephone » d’Erykah Badu. Plus récemment, le rappeur Elzhi rendait lui aussi un vibrant hommage à l’icône de Detroit sur son morceau « February », avec ces quelques mots : “Oh February, February / You took a friend from me who wasn’t just some celeb you buried / He inspired us all musically / You came around and changed things, I want it how it used to be”. Un titre qui fait référence à ce fameux mois de février qui aura vu, à la fois, Jay Dee naître le 7 et nous quitté tragiquement le 10.

Parfois, les mots ne sont pas nécessaires pour décrire des émotions et les mélodies suffisent tout simplement. Dans ce domaine, depuis 15 ans, certains producteurs ont décidé de faire parler leurs compositions pour rendre un dernier hommage à l’une de leurs plus importantes influences. Pour ces réalisations, ces derniers ne se sont pas simplement contentés de lui dédier un morceau lambda de leur catalogue mais sont allés beaucoup plus loin dans la symbolique. En effet, pour l’occasion, ils ont créé des titres en essayant de reproduire les caractéristiques du style Dilla, que ce soit dans le choix des drums ou même sa façon d’aborder le sampling et la composition. Au final, des morceaux qui auraient pu finalement être de véritables collaborations entre le producteur de Detroit et les artistes que nous vous avons sélectionnés.

Pete Rock – « Dilla Bounce (R.I.P.) »

Pour commencer, direction New-York avec le désormais cinquantenaire Pete Rock. Extrait de son projet PeteStrumentals 2 paru en 2015, ce morceau « Dilla Bounce (R.I.P.) » au nom tout trouvé est une fusion très intéressante de leurs deux styles. La façon de découper ce sample et de placer la grosse caisse dans sa programmation ne sont pas sans rappeler certains réflexes qu’avaient pris Dilla au fil des années. Un hommage réciproque quand on sait que le travail de PR au tout début des années 90 fût une grande source d’inspiration pour le beatmaker de Motor City. La boucle est bouclée, en quelque sorte!

Karriem Riggins – « J Dilla the Greatest »

Collaborateur de longue date de J Dilla et également originaire de Detroit, Karriem Riggins a tenu en 2012 à refermer son album Alone Together par une réinterprétation de l’excellent morceau « Feat. Phat Kat ». Un titre emblématique dans le catalogue de Jay Dee, extrait de son premier album solo Welcome 2 Detroit, avec cette production qui sample magnifiquement le « Will O’ the Wisp » de Steve Howe. Cette nouvelle version jazzy de ce redoutable batteur est un bijou de précision à savourer pleinement.

DJ Spinna – « Dilla is the G.O.A.T. »

Le constat est simple pour DJ Spinna et s’inscrit fièrement en toute lettre dans le titre de sa composition. Dilla est le plus grand dans son domaine et cela méritait bien un hommage à la hauteur de l’évènement. Pour l’occasion, le DJ et beatmaker s’est totalement inspiré de la vibe funky et électro vers laquelle s’orientait de plus en plus Dilla dans la seconde partie de sa carrière. Un résultat juste sublime, évidemment influencé par le « Don’t Nobody Care About Us » de Phat Kat produit par Jay Dee. Quelques mois après la sortie de ce morceau, Phonte du groupe Little Brother posera quelques rimes appartenant à Dilla sur cet instrumental, pour un titre rebaptisé « Dillagence ».

Madlib – « In Jah Hands (Dilla’s Lament) »

Partenaire flamboyant sur leur album en commun Champion Sound en 2003, Madlib et Dilla sont restés ensuite très proche, notamment quand ce dernier a décidé de vivre en partie à Los Angeles. Commencée dans la foulée du décès de Jay Dee, la série de projets Beat Konducta n’est pas sans rappeler non plus la démarche du concept instrumental de Donuts. En 2009, le producteur Californien a tenu à dédier son Beat Konducta Vol. 5-6: A Tribute to… à Dilla. On y retrouve des morceaux largement influencés par le style du beatmaker originaire de Detroit, avec comme meilleur exemple ce percutant « In Jah Hands (Dilla’s Lament) » placé en début de projet.

Robert Glasper – « J Dillalude »

Kirk l’a demandé et Kirk l’a eu. Suite à une demande de son ami, Robert Glasper a accepté le challenge de jouer sur son album In My Element un medley de quelques titres bien connus de J Dilla. Le message vocal laissé par ce fameux Kirk a même été placé en introduction de ce titre intitulé tout simplement « J Dillalude ». C’est donc en trio que Robert Glasper (piano), Vicente Archer (basse) et Damion Reid (batterie) rendent un hommage jazzy sobre mais très plaisant au beatmaker de Detroit.

Lettuce – « Mr. Yancey »

Direction maintenant un univers peut-être plus funk avec le groupe Lettuce. Originaire de Boston, le band offre à nos oreilles l’un des hommages à Dilla les plus marquants. Un morceau qui s’inscrit totalement dans l’ADN musical revendiqué par James ‘Jay Dee’ Yancey avec ces drums si caractéristiques et cette signature de basse « Dilla-esque » !

J. Rawls – « A Tribute to Dilla »

Parmi les deux hommages que J. Rawls a dédié à J Dilla, on a décidé de retenir ce morceau qui reprend à sa sauce le cultissime « Players » du groupe Slum Village. Un titre présent sur l’album Fantastic, Vol. 2 officiellement paru en 2000. Le résultat nous donne une réinterprétation plus lente, et plus laid-back par rapport à l’original, qui nous berce pendant quasiment 5 minutes. Amateurs et amatrices de son smooth, this joint is for you !

Flying Lotus – « Fall In Love »

Véritable morceau référence dans la discographie de J Dilla, « Fall In Love » a marqué toute une génération. En 2006, le producteur Flying Lotus s’en est emparé pour offrir une toute nouvelle version avec sa propre touche musicale. L’ajout du côté électronique fait une sorte de pont entre les années Slum Village de Jay Dee et sa fin de carrière où il n’a pas hésité à innover en s’approchant de ce style. Ce titre instrumental de FlyLo servira par la suite au rappeur Finale sur l’album A Pipe Dream and a Promise pour son morceau « Paid Homage (RIP J Dilla) ».

Carlos Nino & Miguel Atwood-Ferguson – « Nag Champa (Common Orchestra Remake) »

En 2009, Carlos Niño, Miguel Atwood-Ferguson et leurs orchestres ont mis sur pied un projet ambitieux avec Suite For Ma Dukes. Au départ, un EP 4 titres reprenant de façon orchestrale quatre morceaux composés par Dilla, qui va aboutir ensuite à une série étincelante de concerts. Des lives dans lesquels plusieurs collaborateurs fidèles de Jay Dee viendront également rajouter leurs contributions pour un rendu à la hauteur de l’hommage voulu. Avec ce titre « Nag Champa (Common Orchestra Remake) », cet orchestre nous offre une toute nouvelle vision de ce morceau de Common extrait de son fameux album Like Water for Chocolate produit en grande majorité par Dilla.

RickMal – « Crazy Ears »

Avec leur projet Ruff Graft, le collectif Millennium Jazz, composé de producteurs et de DJs, rend un hommage appuyé à J Dilla (dont le titre est bien évidemment une référence à l’album Ruff Draft). Pour l’occasion, chaque producteur s’appuie sur un sample spécifique utilisé par Jay Dee pour recréer à leur façon un titre inédit. Sur le convaincant « Crazy Ears », RikMal décide de rendre hommage à l’art de Dilla pour le sampling, mais aussi et surtout à sa rythmique caractéristique. En effet, le beatmaker de Detroit avait pris l’habitude de décaler légèrement certains éléments de ses drums pour apporter un tout nouveau groove à ses programmations.