Né au milieu des années 70 à New York, le Hip Hop se popularisera rapidement avec les fameuses block parties. Mais c’est véritablement dans les années 80 que le genre s’imposera aux yeux du grand public, avec l’arrivée des premiers tubes en radio, dont le morceau « The Message » du groupe Grandmaster Flash and the Furious Five restera le plus emblématique. Après les singles viendra enfin le temps des albums et des premières certifications (disque d’or et de platine) en 1984.
Cette année-là, le Hip Hop sera aussi marquée par la création du label de référence, du premier grand festival et de l’engouement énorme autour d’un beef légendaire. Le break dance s’imposera sur les écrans tandis que le graffiti sera immortalisé dans un premier grand ouvrage mythique. Une période pendant laquelle sortira aussi l’ancêtre de la MPC et dans le même temps, trois adolescents se lanceront avec envie dans la musique pour devenir quelques années plus tard des icônes. 1984 sera également le lancement en France d’une émission culte sur le Hip Hop, point de départ de nombreuses vocations dans notre pays.
Pour toutes ces raisons, 1984 restera pour toujours une année charnière dans l’histoire de ce mouvement. Une période qu’on vous propose de revivre à travers 10 événements fondateurs de cette culture et représentatifs de ses disciplines.
L’album éponyme du groupe Run-D.M.C. paru le 27 mars sera le premier projet a obtenir une certification RIAA (Recording Industry Association of America) en décrochant un disque d’or, synonyme de 500 000 ventes, le 17 décembre. Un opus de 9 titres produit par Russel Simmons et Larry Smith qui permettra à ce trio composé de Joseph Simmons (Run), Darryl McDaniels (DMC) et Jason Mizell (Jam Master Jay) d’être nominé aux Grammy Awards. Une grande première pour ce style musical.
Sur cette œuvre, vous retrouverez 3 singles qui poseront les bases de la culture Rap : l’engagé « It’s Like That », l’egotrip « Suckers M.C.’s » et le crossover « Rock Box », qui lanceront la légende Run-DMC.
L’album Escape, second projet du groupe Whodini, sera lui le premier opus a obtenir la certification disque de platine en dépassant le million d’exemplaires écoulés. 8 titres composent ce projet produit entièrement par l’inévitable Larry Smith, avec notamment le morceau d’ouverture « Five Minutes de Funk » et le fameux hit « Friends », qui sera largement samplé par la suite.
En lançant le dernier titre cité, ci-dessous, vous allez d’abord vous dire que la rythmique vous rappelle quelque chose… Puis au bout de 42 secondes, ce sera au tour de la basse de vous remémorer un souvenir… Et enfin, arrivé à 1 minute, un sourire va illuminer votre visage avec un hochement de tête !
Fort de son expérience dans le milieu de la musique en tant que manager et producteur Hip Hop, Russel Simmons se laissera tenter par la proposition d’un jeune Rick Rubin de fonder leur propre label. C’est lors de l’enregistrement de l’émission Graffiti Rock (on en reparlera un peu plus tard) que les deux entrepreneurs se rencontreront. Quelques mois plus tard, naîtra l’un des labels les plus emblématiques de la musique et le label de référence du Rap : Def Jam Recordings.
Def Jam, c’est avant tout un logo mythique, et en 1984, deux fameux singles qui feront date. « I Need A Beat » de LL Cool J et « Rock Hard » du groupe Beastie Boys qui seront suivis par les albums Radio (1985) et Licensed To Ill (1986). Deux énormes succès qui lanceront la machine, et seront rejoints à la fin des années 80 par les It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back de Public Enemy, The Great Adventures of Slick Rick de Slick Rick et The Cactus de 3rd Bass.
Dans les années 90, le catalogue grossira avec les sorties de : EPMD, Nice & Smooth, MC Serch, Onyx, Redman, South Central Cartel, Method Man, Domino, Warren G, Jayo Felony, The Twinz, BG Knock Out & Dresta, Foxy Brown, Richie Rich, Jay-Z et DMX pour ne citer qu’eux.
C’est suite à la sortie du morceau « Roxanne, Roxanne » du groupe UTFO que le Hip Hop connaîtra sa première grande guerre verbale. Dans ce titre, le quatuor composé de Kangol, Educated Rapper (aka EMD), Doctor Ice et Mix Master Ice y racontent l’histoire d’une fille nommée Roxanne qu’ils aimeraient bien approcher mais qui ne répondra pas à leurs avances. Une jeune rappeuse de 14 ans originaire du Queens décidera alors d’enregistrer, avec notamment Marley Marl aux platines, une réponse sous le pseudo de Roxanne Shanté. Ce sera la naissance du fameux morceau « Roxanne’s Revenge » dans lequel elle répliquera donc aux propos du crew UTFO en interprétant cette Roxanne.
Un titre qui engendrera une multitude de réponses (plus d’une cinquantaine !) de la part de tout un tas d’intervenants différents qui décideront de se mêler à cette affaire du personnage fictif de Roxanne. Cette histoire sera racontée dans le film Roxanne Roxanne disponible sur Netflix et produit par Nina Yang Bongiovi et Mimi Valdes, avec l’aide de Forest Whitaker et Pharrell Williams.
Suite à leurs succès, et pour répondre à l’engouement du public, les artistes Hip Hop du moment décideront de partir ensemble en tournée avec ce qui restera comme le premier grand festival Hip Hop. Le Fresh Fest rassemblera sur scène Run-DMC, Whodini, Kurtis Blow, The Fat Boys et Newcleus, accompagnés par les groupes de breakdance The Dynamic Breakers, The Uptown Express, The Mag Force Swatch Breakers ou encore The Fantastic Duo. Tout ce beau monde traversera les États-Unis pour offrir 27 représentations exceptionnelles qui rapporteront plus de 3,5 millions de dollars.
Si le film Wild Style et le documentaire Star Wars auront ouvert la voie, c’est bien en 1984 que le breakdance s’imposera sur les écrans. D’abord sur le grand écran avec notamment le film Street Beat, ainsi que Breakin’ et sa suite Breakin’ 2 : Electric Boogaloo. Puis sur petit écran, avec la fameuse émission Graffiti Rock qui se voulait la version Hip Hop de Soul Train mais qui ne connaîtra qu’un seul numéro.
A l’instar de Wild Style, le film Beat Street sera une source d’inspiration inépuisable pour la planète Rap et les références à cette œuvre seront nombreuses à l’image du morceau « Suicidal Thoughts » de The Notorious B.I.G. : (( SPOILER ALERT )) « Should I die on the train tracks like Ramo in Beat Street / People at my funeral frontin’ like they miss me ».
C’est en 1984 que Rakim, à l’époque Kid Wizard, écrira la première version de son morceau « My Melody ». Une archive qui à ce jour n’a jamais été révélée, si ce n’est un petit extrait seulement qu’on peut entendre dans le documentaire Checkout My Melody : A True Story About Rakim.
Il faudra attendre 1987 et la sortie du premier album Paid In Full d’Eric B. & Rakim pour que ce titre soit connu de tous. Une claque auditive de quasiment 7 minutes qui changera pour toujours l’approche de l’écriture d’un morceau. Dans cet opus, Rakim y introduira de façon constante des concepts et des thèmes quasiment pas abordés à l’époque. Il s’efforcera aussi de combattre la monotonie des flows qui pouvaient se faire à cette période avec des variations et des pauses encore jamais entendues.
Avec ce premier album et les trois suivants (Follow The Leader, Let The Rhythm Hit ‘Em et Don’t Sweat the Technique), le rappeur de Long Island décrochera le titre de God MC et deviendra la référence ultime pour toutes les générations suivantes.
I take this more serious than just a poem
Des passages à citer sur « My Melody », ce n’est pas ce qui manque. S’il y a bien un morceau qui mérite une lecture approfondie des lyrics, c’est celui-là.
« Rhymes are poetically kept and alphabetically stepped / Put in a order to proceed with the momentum, except / I say one rhyme out of order, a longer rhyme shorter / Or pause, but don’t stop the tape recorder »
« I take seven emcees put ’em in a line / And add seven more brothers who think they can rhyme / Well, it’ll take seven more before I go for mine / Now that’s twenty-one emcees ate up at the same time »
« My unusual style will confuse you a while / If I was water, I’d flow in the Nile / So many rhymes, you won’t have time to go for yours / Just because of applause, I have to pause / Right after tonight is when I prepare / To catch another sucker duck emcee out there / ‘Cause my strategy has to be tragedy, catastrophe / And after this you’ll call me your majesty »
En sortant la Linn 9000 en 1984, Roger Linn était loin d’imaginer qu’il venait de poser les bases d’une dynastie à venir de samplers révolutionnaires. La particularité de cette machine, un séquenceur MIDI intégré et des touches pour jouer les sons à la main. Ce modèle sera perfectionné quatre ans plus tard, en collaboration avec Akai qu’il rejoindra en 1986, pour donner vie à la MPC60. La première d’une longue série qui sera suivie de son évolution, la MPC60 MkII, puis des 3000, 2000 et 2000 XL qui seront rapidement adoptées par le monde du Hip Hop dans les années 90.
La production Rap prendra une nouvelle ampleur en adaptant à sa sauce les nombreuses fonctionnalités de la MPC60 : « Les rappeurs n’étaient pas la cible, j’ai été surpris. Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’ils voulaient l’utiliser pour échantillonner autre chose que des sons de batterie » (Roger Linn).
Réalisé par les photographes Henry Chalfant et Martha Cooper, le livre Subway Art capturera l’essence même du graffiti. Un mouvement artistique dont ses premiers représentants seront immortalisés à jamais dans cet ouvrage qui s’est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires à travers le monde. Une véritable bible dans laquelle on retrouve des artistes comme Blade, Zephyr, Seen, Revolt, Butch, Kase2, Dondi, Skeme, Comet, Lady Pink ou encore Futura2000.
Un livre qui deviendra vite la hantise des différents organismes de transport ferroviaire…
1984 marquera aussi les débuts dans la musique de deux jeunes hommes, Andre Young et Christopher Martin qui deviendront plus tard Dr. Dre et DJ Premier. Deux artistes qui aujourd’hui encore suscitent l’intérêt à différents niveaux, des carrières plus que bien remplies qu’il sera très difficile d’égaler.
C’est à son université Prairie View au Texas que Christopher deviendra le DJ officiel de son Campus sous son premier pseudo Waxmaster C. Il faudra attendre son déménagement à New York en 1986 et sa rencontre avec Guru pour que naisse DJ Premier. Le duo sortira son premier projet No More Mr. Nice Guy en 1989 marquant le début de la sublime aventure Gang Starr.
De son côté, Andre fera le bonheur du club Eve After Dark en tant que Dr. J avant de devenir rapidement Dr. Dre. A la même époque, il se lancera également dans la production avec DJ Yella et créeront ensemble leur tout premier titre « Surgery ». Un morceau qui se retrouvera sur l’album World Class (1985) du groupe World Class Wreckin’ Cru qu’ils intégreront dans la foulée. La suite est légendaire, et un peu plus gangsta…
Dans notre pays, c’est l’émission H.I.P.H.O.P. avec Sidney qui introduira le mouvement Hip Hop au grand public et sera par la même occasion la première émission de télévision présentée par un animateur noir en France. Diffusé sur TF1 le dimanche après-midi à 14h30, juste avant Starsky & Hutch, le programme attirera un certain nombre de curieux et donnera des idées à des adolescents.
Sa reprogrammation en pleine semaine le mercredi lui sera fatale avec des audiences en baisses, et par la suite un arrêt de l’émission. De janvier à décembre 1984, 43 shows seront diffusés et animés avec passion par le légendaire Sidney.
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