En apparence, l’année 1998 n’a rien d’un très grand cru comparée à ses prédécesseurs la cuvée 1996 notamment. Pourtant cette année se place définitivement sous le signe du renouveau pour le rap US. En pleine guerre East Coast / West Coast, le rap gagne alors une nouvelle maturité avec l’émergence de sous-genres rap alors qualifiés « d’alternatifs ». Sans se livrer à une puérile bataille concurrentielle, Jurrasic 5 et Hieroglyphics à Los Angeles, ou Mos Def et Talib Kweli réunis pour l’album Black Star via le label new-yorkais Rawkus, démontrent qu’un autre rap est possible.
Ce souffle novateur n’empêche pas les mastodontes du milieu comme Gangstarr, Outkast ou Jay-Z de rajouter une pièce maîtresse de plus à leurs prestigieuses discographies. A ces habitués se rallient deux nouvelles têtes aux hits bien huilés, DMX et Big Pun. Quant à l’ex-Fugees, Lauryn Hill, elle signe un coup de maître et sans aucun doute le plus grand album de cette cuvée 1998 avec The Miseducation, avec lequel elle rallie toute sa sensibilité d’artiste noire féministe au nez et à la barbe de ses collègues masculins. 1998, une année dorée et pas que pour des raisons footballistiques…
Sortie : 29 septembre
Black Star est le nom sous lequel ont choisi de se rallier les rappeurs Mos Def et Talib Kweli, en hommage à la compagnie de transport lancée par l’activiste afro-centriste Marcus Garvey dans les années 20. Pour bien comprendre cet album, il est nécessaire de le re-situer dans le contexte de l’époque. Alors que la guerre est-ouest fait encore rage suite à la mort de 2Pac et Biggie quelques mois auparavant, les deux rappeurs originaires de Brooklyn appellent à l’apaisement dans le titre « Re:Definition », qui reprend l’air du classique « Remix For P Is Free » de Boogie Down Production avec ces mots : “I said one, two, three / It’s kinda dangerous to be an emcee / They shot Tupac and Biggie / Too much violence in hip-hop, Y-O”.
Avec Black Star, Talib Kweli et Mos Def invitent l’auditeur à un retour aux sources du mouvement hip hop (« B Boys Will B Boys ») en revisitant certains de ses classiques. Tandis qu’ils honorent le rap engagé de KRS-One sur « Definition », ils remettent au goût du jour le storytelling urbain de Slick Rick avec leur propre version de « Children’s Story ». Un retour à un rap plus positif et militant qui rayonne à l’époque dans les sorties du label Rawkus auquel Mos Def et Talib Kweli sont inévitablement rattachés en cette année 1998.
Dans le génial « Respiration », le temps fort de l’album en featuring avec Common, les deux emcees brooklynites livrent certainement un des plus beaux portraits rappés de New York. Le tout sur une production du génial Hi-Tek, avec qui Talib Kweli formera le groupe Reflection Eternal, qui livrera lui aussi son classique (Train of Thought) deux années plus tard. – Antoine
Sortie : 29 septembre
Jusqu’à alors, le duo d’Atlanta avait toujours surpris par leur création atypique. Aquemini, titre en référence aux signes astrologiques des deux artistes, ne déroge pas à la règle. Beaucoup moins futuriste que son prédécesseur ATLiens, ce troisième album n’en demeure pas moins intéressant d’un point de vue créatif. Big Boi et Andre 3000 reviennent ici plus vers des sonorités sudistes et funky, qui étaient plus appuyées sur leur premier opus. Organized Noize, MR Dj et Outkast eux-même se retrouvent aux commandes de ce nouvel OVNI.
Les deux extraterrestres du rap US n’ont pas pour autant atterri les deux pieds sur terre. Ils possèdent toujours ce débit extra-temporel agrémenté de parties chantées, plus perceptible sur « Da Art of Storytellin ». En n’omettant de tomber dans la routine musicale, ils alternent des morceaux planants (‘Liberation’ ou ‘Aquemini’) et d’autres beaucoup plus incisifs. A ce titre, le duo croise le fer à armes égales avec le chef du Wu, Raekwon, sur « Skew It On The Bar B ». Dans le domaine des invités, l’apparition sur « Synthetizer » du père du P-Funk George Clinton, laisse clairement l’auditeur sur sa faim. Les amateurs de sons funk psychédéliques pourront se rattraper sur « Spottieottiedopaliscious », particulièrement riche dans sa composition.
Le pôle d’attraction d’Aquemini reste à ce jour le single « Rosa Parks ». Prenant comme emblème la fameuse affaire de cette activiste noire, qui refusa de céder sa place dans un bus dans les années 50, Outkast en profite pour piquer le racisme ambiant avec un second degré acide. Pas vraiment au goût de Parks, qui assigne les rappeurs devant la justice pour les « propos injurieux » contenus dans le titre. Vingt ans après, ce single parait indémodable tant par son humour et sa fraîcheur musicale. A l’image de cet album, qui mérite de rester dans nos mémoires. – Rémi
Sortie : 29 septembre 1998
Quelque peu déçus par son second album, les fans attendaient de pied ferme leur roi de New York. Jay Z n’a pas fait mentir ses serviteurs. Entouré d’une équipe de producteurs remaniée, Jigga réussit le tour de force d’enchaîner une série de tubes à succès. Toujours accompagné des fidèles de la première heure comme Dj Premier et Irv Gotti, il tente de nouvelles collaborations avec des noms plus en vogue. Parmi eux, Swizz Beatz, Timbaland, Jermaine Dupri ou encore Erick Sermon.
Une palette aussi variée en couleurs aurait pu nuire à l’homogénéité du projet. Il n’en est rien. Malgré cette hétéroclite sonorité, Hard Knock Life reste un album cohérent. Mais Jay-Z réussit surtout le pari de retrouver une crédibilité d’artiste rap, tout en étant un hit maker. Sa recette paraît simple : trouver un gimmick accrocheur et une mélodie entraînante. La meilleure illustration semble son single éponyme basé sur les chœurs enfantins empruntés au film Annie. Le reste de l’album donne des titres aussi efficaces que « Nigga What, Nigga Who », « Can I Get A… » ou encore « Money, Cash, Hoes ».
Malgré les présences d’artistes de poids tels Ja Rule, DMX ou Too Short, Jay-Z prouve qu’il maîtrise son art avec la précision d’un métronome. Désormais il accède aux premières marches du trône new-yorkais avec cet album devenu un classique. Par ailleurs, Jay lui même considère cet album comme l’une de ses meilleures œuvres. Il serait difficile de contredire le maître sur ce coup là. – Rémi
Sortie : 31 mars 1998
Après le très sombre Hard To Earn, Gangstarr a décidé de revenir sur le devant de la scène avec l’ambition de conquérir un public moins restreint. Paradoxalement Moment of Truth reste un des albums les plus accessibles et un des plus aboutis de la discographie du duo. Les critiques parlent alors de l’album de la maturité. Chacun des deux membres a expérimenté des projets solos. Preemo semble avoir passé sa crise d’identité. Il semble décider à se remettre à produire des productions jazz /rap pointues. Quant à Guru, il sort échaudé d’un second Jazzmatazz peu concluant. Le duo est donc déterminé à marquer les esprits après quatre ans d’absence.
Moment Of Truth contient peu de fautes. Même des collaborations improbables avec KCi et Jojo de Jodeci sur « Royalty » donnent des hits intemporels. L’album alterne des bijoux de jazz mélodiques comme « She Knows What She Wants » et des brûlots tels « BI vs Friendship ». Sans renier son identité de groupe intègre, Gangstarr signe là quelques hits inoubliables, qui rentreront à jamais dans les annales du hip hop. « Next Time » ou encore « You Know My Steez » deviennent des classiques auprès d’un public jusqu’alors peu sensible aux productions millimétrées de Premier.
Guru n’est pas en reste. Il démontre qu’il peut autant kicker que disserter sur des sujets sociétaux ou politiques. La liste des invités est aussi surprenante avec la présence de Scarface ou Inspectah Deck. Les membres de la Gangstarr Foundation s’imposent naturellement avec Big Shug ou Lil Dap. Guru conclue ce superbe opus avec un hommage émouvant aux chers disparus du rap. Moment Of Truth reste le meilleur album du groupe, qui a ressuscité le jazz auprès des fans de Hip Hop. – Rémi
Sortie : 10 novembre 1998
Quatre ans après sa séparation avec CL Smooth, les fans trépignaient d’impatience de découvrir le premier essai soliste de Pete Rock. Fort de ses expériences avec Nas, Public Enemy ou Biggie, le producteur new-yorkais a emmagasiné un crédit incontestable. Dorénavant signé sur le label hype du moment, Loud Records, le producteur semble fidèle à ses préceptes de base, des productions à prédominance Soul et Jazz.
Sûrement influencé par les compilations de Funkmaster Flex, Pete Rock rassemble une pléiade d’artistes gravitant plus ou moins autour de son univers. Les meilleures parts de ce délicieux pudding de fête restent ses collaborations avec les membres du Wu Tang, Lord Tariq & Peter Gunz, Common, Big Pun et une bonne partie des rappeurs du Queensbridge. On regrettera seulement l’absence d’artistes du calibre de Nas. Néanmoins la cerise sur le gâteau est contenue dans ses compositions les plus mélomanes avec « Soul Survivor » ou « Take your Time ». En revanche, Pete Rock se montre beaucoup moins convaincant, lorsqu’il s’empare du microphone.
Ce premier tome semble être un premier galop d’essai, avec lequel PR exprime sa volonté de montrer l’étendue de sa palette de producteur. Assez éclectique dans sa couleur musicale, ce disque désarçonne quelque peu par son manque d’homogénéité. Mais c’est également cet aspect, qui constitue aussi sa principale force. En 27 morceaux plus ou moins inégaux, il démontre une vraie maitrise des différents codes musicaux de son art. Avec le temps, le son du Soul Brother demeure intemporel. Un gage de qualité, qui se retrouve dans le second opus et ses Petestrumentals. – Rémi
Sortie : 25 août 1998
Egérie du combo The Fugees, la sortie du premier album de la rappeuse et chanteuse se devait d’être un événement. Et il l’a été à plusieurs égards. Ce Miseducation n’a ni trahi les fans nombreux des Fugees, ni déçu la critique par sa qualité. Elle se détache aussi complètement du joug de Wyclef, en refusant son aide à la production de son premier album solo.
Lauryn Hill annonce d’entrée la couleur sonore de son solo avec « Lost Ones », pourtant très proche de l’esprit Fugees. Elle ne reniera aucunement ses origines hip hop sans pour autant délaisser son côté soulful. Avec un talent ambivalent incontestable, elle navigue entre la ballade soul (« I Used to Love Him » avec Mary J Blige ou « Ex Factor ») et des hits comme « Final Hour ». Les plus perspicaces décèleront le côté reggae sur « Forgive Them Father », hérité de sa relation amoureuse avec Rohan Marley. En partie enregistré en Jamaïque, cet album est empreint d’un mysticisme, qui n’est surement pas le fruit du hasard.
Au delà de l’aspect musical novateur, The Miseducation…représente une véritable ode au féminisme. Un thème récurrent tout au long de ce chef-d’oeuvre qui aborde la condition féminine en cette fin de vingtième siècle. Un contre pied doux et amer aux propos ultra machistes de certains de ses collègues rappeurs. Alors enceinte de son premier enfant, Lauryn Hill met aussi l’accent sur un retour aux sources avec des références non dissimulées aux grandes dames de la musique noire.
Vendu à plus de 18 millions d’exemplaires, The Miseducation… réconcilie deux courants majeurs de la fin des 90s, le hip hop et la néo soul. Teintée de mélancolie et d’allégresse, cette toile de maître influencera des générations entières dans ces domaines. Malheureusement, ce succès restera sans suite pour Lauryn Hill, qui sort aujourd’hui d’une longue période troublée par des condamnations judiciaires et des problèmes de santé mentale. – Rémi
Sortie : 1er juin
Quand on évoque les groupes légendaires du rap américain, difficile de ne pas évoquer les Jurassic 5. Le crew originaire de Los Angeles fait ses débuts dans les années 90 en proposant une musique totalement différente des vibes West Coast de l’époque. C’est en 1998 que sort le premier album du groupe, éponymement intitulé Jurassic 5, et qui reprend les tracks d’un EP du même nom sorti un an plus tôt, ainsi que des inédits.
La grande force des Jurassic 5, c’est cette alchimie incroyable qui existe entre les rappeurs (Chali2Na, Akil, Zaakir, Marc 7) et les DJs/producteurs (Nu-Mark et Cut Chemist). Les productions plutôt boom bap se marient à merveille aux flows incroyables des MC’s. Ces flows qui deviendront d’ailleurs la marque de fabrique du groupe, au même titre que la voix inimitable de Chali2Na ou encore les refrains collectifs.
Bien qu’ils soient moins connus que les opus suivants (Quality Control et Power in Numbers), l’album Jurassic 5 est une introduction idéale à l’univers du groupe, à travers des titres tels que « Concrete Schoolyard », « Without a doubt » ou encore « Jayou ». – Lex Luthor
Sortie : 28 avril
Seul album sorti durant la courte vie de ce colosse de 250 Kg, Capital Punishment reste après les années, le classique absolu du style latin hip hop new-yorkais. Si Big Pun n’a pas attendu l’année 1998 pour devenir une véritable légende dans son quartier du Bronx, c’est avec cet album de 24 titres sorti sur le prestigieux label Loud (RCA) que Christopher Lee Rios, de son vrai nom, étendra son influence bien au delà de son Bronx natal.
En invitant des grands noms de l’époque tels que Black Thought, Busta Rhymes, Wyclef Jean ou encore le défunt Prodigy, Big Pun prouve qu’avant même le succès de cet album, sa légitimité auprès de ses pairs rappeurs est déjà assurée. Côté production, on retrouve la fine fleur de la scène new-yorkaise du moment : de RZA, Showbiz, Dead Prez, Domingo et bien sûr les voisins JuJu et L.E.S. des Beatnuts.
Si les singles de départ « I’m Not A Player » et « You Came Up » ont assuré une promo efficace, c’est finalement le titre « Twinz (Deep Cover 98) », produit par Dre et qui servira de fer de lance au jeune Fat Joe, qui restera comme le titre phare de cet album. Dès sa sortie au printemps 2018, le disque rencontrera un succès commercial impressionnant, certainement aidé par une communauté hispanique en mal d’idole dans l’univers rap de l’époque. Après avoir pointé à la cinquième place du Billboard 200, Capital Punishment sera même nominé pour le meilleur album rap de 1998, un titre qui sera finalement remporté par l’album de Jay-Z cité plus haut. – Antoine
Sortie : 12 mai
L’arrivée de DMX dans l’industrie musicale a produit l’effet d’un énorme grondement de tonnerre sur le paysage rap US. Voix caverneuse, attitude ténébreuse, le rappeur de Baltimore brise les codes bien établis du hip hop d’alors. S’affirmant comme un molosse prêt à mordre la concurrence, il installe son imposante carrure pour cracher un rap brut rempli de testostérone. Dès leurs sorties, les deux singles « Get At Me Dog » et « Ruff Ryders Anthem » éjectent les hit makers du Billboard de leur trône avec une violence extrême. Cette prise de pouvoir aux forceps annonce l’arrivée de rappeurs bodybuildés aux organes vocaux imposants tels Ja Rule ou 50 Cent quelques années plus tard. En cela, DMX est précurseur, sans pour autant changer les facettes de sa personnalité obscure et torturée.
Pour son premier essai, DMX semble vraiment être bien entouré. Tout d’abord par son manager, Chivon Dean, qui l’a pris sous son aile bien avant la création de Ruff Ryders Entertainment avec ses deux frères. Mais l’autre révélation de cet album reste le neveu de Dean, le producteur SwizzBeatz, avec la composition du fameux « Ruff Ryders Anthem ». La part du lion en matière musicale reste en grande majorité la responsabilité de Dame Grease. Ce dernier a su trouver avec justesse une ambiance assez sombre pour illustrer les bas fonds glauques, où évolue le chien enragé de Baltimore. Les meilleures créations dans ce domaine restent « Stop Being Greedy » ou « Damien », une fable morbide où le rappeur affirme avoir vendu son âme au diable contre les affres du succès. DMX s’accorde peu de pauses dans cette déflagration d’aboiements rauques, mis à part dans le morceau « How’s It Goin On ».
Le rappeur demeure également dans la confidentialité en ce qui concerne les invités, qui sont pour la plupart des artistes Ruff Ryders (The Lox, Drag On…). Si DMX enchaîne la même année un second album Flesh of My Flesh Blood of My Blood, cet album (It’s Dark… ) marque l’avènement d’un rap plus porté sur la virilité. Depuis la carrière de DMX a plus défrayé la chronique par ses multitudes faits divers que par ses sorties. L’artiste a néanmoins imprimé ses initiales dans l’histoire du rap comme étant un de ses plus gros vendeurs. – Rémi
Sortie : 24 mars
Lorsque l’album 3rd Eye Vision sort en 1998, le crew Hieroglyphics, originaire de la Bay Area a déjà bien marqué les années 90 à travers les albums de Del The Funky Homosapien, Casual, Souls of Mischief ou encore des freestyles légendaires, mais sans avoir de projet qui réunissait le groupe au complet.
Entièrement auto-produit, cet album permet à chaque membre du groupe de s’exprimer et force est de constater que l’alchimie est parfaite au sein du Hiero Crew. Les flows sont millimétrés, les backs et passe-passes entre rappeurs coulent naturellement. Chaque MC profite même d’un morceau solo éponyme pour exposer son talent en 1min30. Bien que les lascars viennent de la Bay Area, leur musique n’est pas du tout marquée par des sonorités caractéristiques de la région. Les beats associent samples mélodiques et accents boom bap à l’image du single « You Never Knew ».
Si 3rd Eye Vision ne permet pas au groupe d’exploser sur la grande scène, l’opus se vendra tout de même à plus de 100 000 exemplaires et demeure encore aujourd’hui un classique du rap indépendant et une rare pièce de collection. – Lex Luthor
Si vous avez apprécié cette sélection, ne manquez pas notre liste des meilleurs albums rap US de 1997, sortie l’année dernière.
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