Lomepal et Stwo réveillent la force avec ‘ODSL’
Le duo Lomepal et Stwo a encore fait des merveilles. À titre de rappel, Lomepal est celui qui a érigé l’egotrip au rang d’art divin avec Seigneur et Majesté, deux opus sur lesquels le français Stwo était déjà aux manettes. Producteur de musique électronique signé sur HW&W, le label de Kaytranada, Stwo est quant à lui crédité aux côtés de Noah « 40 » Shebib sur le titre « Weston Road Flows », petit bijou rescapé de Views, le dernier album de Drake. Un fait d’arme impressionnant, qui n’entame nullement la fidélité de Steven Vidal envers son compatriote au visage pâle.
« J’ai les chevilles juste assez gonflées
pour me sentir bien dans mes baskets. »
Les deux inséparables reviennent avec ODSL, un EP surprise qui dévoile un écrin de trois morceaux profonds et vaporeux, à la mesure de l’hédonisme désabusé du rappeur de Paris Sud. L’EP s’ouvre sur des bruitages du robot « R2D2 », annonçant le morceau éponyme. Un orgue de barbarie customisé façon Star Wars, sur lequel Lomepal vient survoler le rap français à bord de son Faucon Millenium. Un titre d’une lourdeur certaine, accompagné d’un visuel léché dans lequel on retrouve non sans plaisir Nekfeu, Kéroué de Fixpen Sill ou encore le bien nommé Caballero.
Le manège continue avec « Achille », un morceau sur lequel Lomepal remonte sur le trône, balaie les doutes d’un coup de sceptre et rappelle à qui de droit pourquoi la couronne lui revient. Puis avec « Oyasumi », titre aussi froid qu’un matin d’hiver —très actuel en ce mois de juin frisquet—, dans lequel le rappeur fait le bilan lors d’une fin de soirée enfumée et solitaire. Une suite potentielle à la chanson « Enter The Void », contée minute après minute jusqu’au lever du jour. C’est enfin Superpoze qui donne à l’EP sa touche finale, grâce à son remix très détendu de « R2D2 ».
« J’ai créé un monstre comme la mère de Mao. Rimes, flow : j’sors que du lourd comme la mère d’un maori. »
Au global, un projet malheureusement très court, quoique dense, complet et percutant. L’intéressé l’avoue lui-même : il a mis des heures pour écrire ces textes, et ça se sent. Les punchlines pleuvent au point de faire déborder la Seine, et les joyaux de l’ami Stwo viennent sublimer des textes honnêtes et réfléchis. En concert dans la capitale le week-end dernier, Lomepal a prouvé sur scène le potentiel de chacun de ces titres. Tandis que le banger « R2D2 » a dégagé dès le début du concert une énergie communicative, l’introspectif « Oyasumi », a distillé dans la salle une ambiance presque ésotérique.
La suite ? Rendez-vous pour l’album, et dieu sait qu’on l’attend…
Ecouter ODSL de Lomepal et Stwo
Photo : Manu Fauque