Mac Miller : l’interview « around the clock »
Mac Miller, le Lucky Luke du rap, le rappeur/producteur qui enregistre plus vite que son ombre, revient une fois de plus avec un nouveau projet. Intitulé GO:OD A.M. (à prononcer au choix « goddamn » ou « good morning »), il s’agit du troisième album studio du gamin de Pittsburgh, qui a depuis ses premières frasques acquis le statut de superstar. Cet album est celui du lâcher-prise, de la confiance en soi, et qui vient asseoir une bonne fois pour toute la légitimité du kid dans le paysage Hip Hop américain.
Le rappeur y assume ses ambitions, fait le bilan sur ses rêves déjà accomplis et évoque la route qui s’étend encore devant lui. Dans le labyrinthe du star-système, Mac Miller n’est pas dupe, et évoque sans complexe son rapport ambigu au succès, à l’argent, à la drogue ou aux filles. Plus complet que ses précédents faits d’armes, cet album fait la synthèse des différentes facettes du garçon et expose la palette de tous ses talents. Côté featurings, on brasse large, de l’habitué Ab-Soul aux irrésistibles Little Dragon en passant par Chief Keef ou même Lil B.
Dès la sonnerie du réveil, le projet s’ouvre en grandes pompes avec « Brand Name », ses basses profondes et ses high-hats très Hip Hop années 2000. On retrouve ensuite l’ambiance plus south de Macadelic avec « Rush Hour », ou celle plus jazzy de Faces sur « Two Matches ». Les titres « Weekend » et « Ascenscion » ne manqueront pas de nous rappeler quant à eux le ton lancinant de Watching Movies. Après les deux bangers « 100 Grandkids » et « Breaking Law », le son évolue vers des instrus définitivement trap, comme en témoignent « When In Rome » et « Cut The Check », pour finir sur des influences plus électronique avec « Jump » et « The Festival ».
A l’occasion de cette nouvelle aventure et du passage de l’artiste à Paris pour son concert au Trabendo, nous avons cherché à en savoir plus sur ce qui se passait dans la tête du jeune homme. Dans une interview un peu spéciale, au concept directement inspiré du titre de son nouvel album, le rappeur parle de son état d’esprit du moment, de ses motivations, ses collaborations, son processus créatif et surtout, un sujet qui l’obsède: le temps qui passe.
The BackPackerz : Dans “Thoughts From A Balcony”, tu dis “all we have is memories, so what the fuck is time?” Le temps est un leitmotiv dans tes chansons et le titre de ton novel album GO:OD A.M. fait référence à un réveil. Quelle est ta définition du temps ?
Mac Miller : Bonne question ! Pour moi, c’est un sujet d’étude. Je cherche encore ce que c’est, ce que ça signifie. Selon moi, c’est une notion relative. Chacun possède sa propre horloge et sa propre relation au concept du temps qui passe.
Pour coller à la thématique de ton nouvel album, on t’a préparé une interview « around the clock ». Le principe est simple : pour chaque moment de la journée, on va te poser une question sur ta musique, ton personnage ou ta vie personnelle. Ça te branche?
Okay, c’est parti !
8:00 A.M. : Debout ! Tous les ans tu sors un projet et tu te décris comme « la personne la plus besogneuse de l’univers ». Qu’est-ce qui te motive à te lever tous les matins ? Est-ce « l’argent, la célébrité, ou aucun des deux » ?
Certainement pas l’argent ! L’important, c’est d’apprécier les choses simples de la vie qui te donnent envie de commencer ta journée. Ce sont toujours les trucs les plus simples qui sont te procurent cette énergie.
10:00 A.M. : Pause détente avec les potes. Tu as fait pas mal de collaborations au cours de ta carrière, avec des artistes qui vont du Hip-Hop classique à la trap, en passant par des sonorités plus électro. Comment choisis-tu les gens avec qui tu travailles, et as-tu une collaboration préférée ?
Premièrement, je dois être fan de leur travail et respecter ce qu’ils font d’un point de vue créatif. Après, on dois pouvoir s’entendre, traîner ensemble et avoir de vraies conversations. Car parler amène toujours vers de la bonne musique. Quant à ma collaboration préférée, je dirais le morceau « S.D.S » avec Flying Lotus. Ce morceau a été un changement important pour moi.
12:00 A.M. : Déjeuner. Quand tu a fait ta première centaine de milliers de dollars, tu dis t’être senti tout-puissant. As-tu toujours les crocs ? Est-ce difficile de conserver son âme d’enfant quand tu commences à gagner de l’argent ?
Bien sûr, j’ai toujours faim ! A chaque fois que je gravis une marche, je pense à combien de marches il reste encore devant moi. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. Et oui, c’est difficile de garder un esprit insouciant dans ce milieu. Personnellement, je ne me considère pas comme un homme responsable. Je ne suis ni tout à fait un enfant, ni tout à fait un adulte : je suis quelque part entre les deux.
2:00 P.M. : L’heure de la sieste. Que fais-tu pendant ton temps libre ? Regardes-tu toujours des films ? Trouves-tu le temps d’écouter ce que font tes pairs ?
Pendant mon temps libre, je me détends, je regarde beaucoup de films et j’écoute toutes sortes de nouvelles chansons sur lesquelles je tombe. La nuit dernière par exemple, j’ai maté A Million Ways to Die in the West. En ce qui concerne la musique, je suis du genre à naviguer sur les radios Pandora et laisser les playlists tourner toutes seules.
4:00 P.M. : Le goûter. Ton petit péché mignon semble être les drogues. Pourquoi en consommes-tu ? Pour t’amuser, stimuler ta créativité ou bien gérer le stress ?
Je sais pas, juste pour planer… J’imagine qu’il y a tout un tas d’autres raisons latentes, qui sont difficiles à décrire. Des choses enfouies profondément en moi qui restent cachées, mais je ne peux pas trop en parler.
10:00 P.M. : Time to party. Tu as une personnalité très excentrique, avec beaucoup d’alter-égos. Es-tu un gros fêtard ou plutôt un rat de laboratoire, qui passe son temps en studio ?
Je suis carrément un rat de laboratoire ! À 100% ! C’est à peine si je trouve le temps de faire la fête. À cette heure-là, je suis généralement en studio, en train de bosser sur des sons, composer des beats ou écrire des textes.
3. A.M. : Pleine nuit. Comme beaucoup d’artistes, tu te décris comme un oiseau de la nuit. Est-ce un moment propice à la créativité ? Quel est ton processus créatif ?
Je suis un mec de la nuit, c’est clair ! C’est le moment où j’ai l’impression d’avoir le plus d’espace, et où je me sens le plus à l’aise. Mais je crée 24h/24. Concernant mon processus créatif, faire de la musique devient de plus en plus automatique pour moi. Je n’y pense même plus, je fais directement ! Je fais confiance à l’énergie qui est en moi, et j’essaie de toujours prendre du plaisir quand j’enregistre.
5:00 A.M. : Au lit ! Vas-tu rentrer retrouver ta copine ou finir la nuit avec deux groupies ?
Actuellement, je suis en couple, je vis avec ma copine. Donc en ce moment, je suis plutôt casanier !
Ça y est, on a fait le tour du cadran, merci Mac !