J-Zen, producteur digger à temps plein
On a rencontré le producteur J-Zen au Djoon à l’occasion de la soirée Just Blaze organisée par Milesfender. Il nous parle de ses albums précédents, de sa vision du Hip-Hop et de ses futurs projets avec le label Doin’it Music.
The BackPackerz : Quel est ton parcours ? Comment en es-tu venu au Hip-Hop et plus particulièrement à la production ?
J-Zen : A la base, j’étais hyper curieux musicalement parlant, j’ai commencé à m’intéresser à la musique super tôt, avec le rock psyché et des groupes comme Pink Floyd. Le Hip-Hop est venu après, vers 15ans. Un groupe m’a foutu une claque : Gang Starr. J’ai découvert le Hip-Hop avec les albums de Hip-Hop de l’année 1994 et les quelques années qui ont suivi. J’ai alors commencé à acheter des vinyls, une platine, puis une autre pour pouvoir faire un peu plus de choses. Ensuite, j’ai eu la chance qu’on me prête une MPC et, comme j’étais curieux de savoir comment on crée des instrumentales, j’ai commencé à toucher un peu aux samples et tout pour m’amuser. C’est ça qui m’a plu, plus que le mix.
TBPZ : Pourtant, tu es aussi DJ. Etonnement, Madlib a dit récemment qu’il se considérait d’abord comme un DJ avant d’être producteur ou rappeur. Y accordes-tu autant d’importance ?
J-Zen : Non, je ne me considère pas vraiment comme un DJ mais comme un mixeur. J’ai énormément de respect pour les DJs, certains sont super techniques et méritent vraiment ce titre. Moi je ne fais que diffuser du bon son. Le live c’est jouissif et c’est une des bases du Hip-Hop. C’est un titre honorifique auquel je ne pense pas prétendre. Je suis digger, producteur, mixeur mais pas DJ.
TBPZ : Ca fait quoi de faire la première partie de Just Blaze ?
J-Zen : Pour être franc, je ne connaissais pas super bien Just Blaze mais j’ai diggé ce qu’il a fait dans l’underground et j’ai découvert que c’était un très grand producteur, un mec qui n’a pas peur d’innover. C’est une machine à hits mais il touche à tous les genres.
TBPZ : Quelles sons tes influences ?
J-Zen : Je suis un grand fan de Large Pro et Diamond D, qui en plus étaient (sont) de purs MCs. A côté de ça, Madlib, RZA mais aussi un mec comme Kankick. C’est un intouchable, un gars mystérieux qui a une ligne directrice et qui toujours fait des trucs de fou. Je suis aussi un gros fan de Dilla.
TBPZ : Ton premier souvenir avec Dilla ?
J-Zen : J’ai eu la chance de vivre la période Dilla « en temps réel ». J’achetais les vinyls de Jay Dee dès leur sortie. D’ailleurs c’est marrant mais moi, mon souvenir du 11 Septembre 2001, c’est d’avoir acheté le vinyl The Best Kept Secret de Slum Village. Le fameux J-88.
TBPZ : En 2010 tu sors ce bel EP Guilty Pleasure avec des featurings de Shawn Jackson et Substantial, comment ces collab’ ont-elles vu le jour ?
J-Zen : C’est assez simple en fait, puisque je fais partie de l’organisation du Dooinit Festival à Rennes, j’ai donc pu profiter de leur carnet d’adresses. Substantial était programmé sur une des éditions précédentes avec les CunninLynguists et Pharoahe Monch. Il a bien aimé toute la ferveur de l’équipe Dooinit et j’ai pu lui faire écouter quelques instrus. Ensuite on est resté en contact et ça a donné naissance au morceau « Iron Horse ». Pour Shawn Jackson, j’ai eu la chance de le capter au moment de la sortie de « Feeling Jack » qui avait rencontré son petit succès. On s’est rencontré et on a fait le morceau « FadeAwaay » On a d’ailleurs enregistré et mixé ce morceau dans le studio de Dave Cooley, l’ingénieur de Stones Throw, en Californie. Ca c’était la cerise sur le gâteau.
TBPZ : Dans The Sextape on sent une influence de la musique Blaxploitation, quel est ton rapport à ce genre ?
J-Zen : Cette soul des années 70s, c’est les prémisses du Hip-Hop. Ca m’a vraiment donné envie de revenir en arrière et d’explorer un peu cette période où des musiciens fréquentaient les milieux un peu sombres du porno pour pouvoir sortir leurs disques.
TBPZ : Tu es aujourd’hui sur le label Dooinit Music, quels sont tes futurs projets ?
J-Zen : Dooinit est à la base l’association qui organise le festival de Hip-Hop à Rennes et on a toujours été assez potes. Ils m’ont proposé rapidement de faire des warm-up pour les concerts du festival. Par la suite, ils ont monté une structure de production : le label Dooinit Music.
En termes de projet, j’ai fait pas mal de sons depuis plus d’un an. Et aujourd’hui, l’idée est de faire un « vrai » premier album. Pas seulement une beat-tape mais un projet qui tienne la route, qui ait une vraie cohérence artistique. Ce projet devrait voir le jour à la rentrée 2014.
J’ai aussi fait quelques remixes dont celui du morceau « Respect is Due » de Dres (Black Sheep) et Jairobi (A Tribe Called Quest) qui est en ce moment clippé à NYC et qui devrait sortir d’ici peu de temps sur le label Tommy Boy. Grande fierté !
En plus de ces projets, je travaille depuis plus d’un an sur un « beat-set live » que j’ai déjà pu jouer à Paris et à Berlin et qui semble bien fonctionner. Cela donne un côté improvisé à mon show, ça me plait beaucoup. Je réfléchis d’ailleurs actuellement à faire de ce beat-set live une future sortie CD/Vinyl.
TBPZ : Avec quel(s) artiste(s) rêverais-tu de travailler ?
J-Zen : Ca reste utopique mais je rêverais de faire un morceau avec Common. Mais notre objectif ça reste de trouver des artistes qui ne sont pas trop connus mais qui ont tout pour l’être comme on l’avait fait avec Declaime en 2012.
On remercie J-Zen d’avoir eu la gentillesse de nous répondre et Emmanuel de Milesfender pour avoir rendu cette rencontre possible.
Et voici notre coup de coeur dans la discographie du producteur:
Retrouvez également tous ses précédents albums sur Bandcamp.
Crédit Photo: Dave Wire