Freddie Joachim, le producteur qui a conquis Joey Bada$$

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Freddie Joachim, le producteur qui a conquis Joey Bada$$

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Freddie Joachim, ce nom ne vous est peut-être pas encore familier. Pourtant, vous avez sûrement (si vous nous suivez, du moins) entendu une de ses instrus sur un des tous meilleurs extraits du premier album de Joey Bada$$ : « On & On » (ft. Maverick Sabre & Dyemond Lewis).

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Beatmaker californien basé à San Diego, cet avide collectionneur de vinyles de jazz et soul est un de ces travailleurs de l’ombre du mouvement Hip-Hop. En toute discrétion, le bonhomme a rapidement réussi à convaincre nombre de rappeurs de kicker sur ses productions jazzy : Blu, Grap Luva, Kev Brown et donc plus récemment Joey Bada$$, dont le premier album B4.DA.$$ compte deux titres de Freddie Joachim.

Le jeune Californien est également à l’origine du collectif artistique Mellow Orange qui, à l’image d’un Soulection, catalyse toute l’énergie de la beat scene californienne autour d’évènements et d’artistes tels que BeatPete, Chloé Martini ou encore le rappeur Ohmega Watts.

Le son de Joachim est un Hip-Hop soulful et jazzy qui semble à la fois une célébration du répertoire black music du siècle dernier mais s’inscrit également dans un style instrumental en pleine mutation, résolument tourné vers l’avenir. Pas un hasard donc si le prodige de Pro Era s’est tourné vers l’intéressé pour le titre « Waves » sur sa désormais classique mixtape 1999, ainsi que pour la production de son premier album. Les plus attentifs d’entre vous auront d’ailleurs remarqué que l’instru du titre « On & On » n’est autre que le morceau de Freddie Joachim « Wash Away », que l’on vous présentait déjà dans l’une de nos playlist Heavy Rotation.

Nous avons donc eu la chance de rencontrer Freddie Joachim lors de son dernier passage dans la capitale. Un échange riche et passionnant qui nous a permis d’en savoir plus sur le parcours du beatmaker californien ainsi que sur ses futurs projets.

The BackPackerz : Quel est ton premier souvenir hip-hop ?

Freddie Joachim : Je me souviens que vers 5-6 ans, je piquais les cassettes de ma soeur. Et il se trouve qu’elle écoutait pas mal de hip-hop, des trucs qui m’ont direct plu comme De La Soul ou A Tribe Called Quest.

Sur quoi tu bosses en ce moment ?

Je travaille sur un nouvel album qui devrait bientôt sortir, et j’aide des artistes de mon label Mellow Orange à sortir des disques. Voilà les deux grand sujets sur lesquels je me concentre actuellement.

Te considères-tu plus comme un producteur ou un DJ ?

Les deux ! Quand j’ai du temps, je préfère me consacrer à la production, et quand je suis plus occupé, que je sors, je suis plus en mode DJ. J’essaie de conserver un bon équilibre entre ces deux aspects.

Tu es retourné habiter à San Diego il y a quelques temps. A quoi ressemble la scène hip-hop là-bas ?

C’est très petit, tout le monde connaît un peu tout le monde. C’est sympa, mais d’un autre côté, il y a par conséquent très peu de place pour faire son trou. C’est pour cela que j’ai décidé de déménager à Los Angeles pendant dix ans, avant de revenir à San Diego.

Avec qui rêverais-tu de collaborer ?

Dur de choisir ! N’importe quel artiste avec lequel j’ai grandi, tel que ATCQ, De La Soul, Erykah Badu, Common serait un rêve. Ce sont des personnes que j’ai toujours admirées.

Que penses-tu du hip-hop en France et en Europe ?

Eh bien, par exemple, j’ai toujours été un fan de Hocus Pocus depuis le début, depuis C2C et tout. 20syl est un super producteur. Ce que je ressens lorsque je tourne en Europe, c’est que les gens apprécient vraiment le son boom bap 90. Je pense que c’est le gros truc du moment.

Que penses-tu de la tendance de certains artistes d’aujourd’hui à sortir quasiment plus que des singles et remixes plutôt que des grands projets d’albums ?

Les gens sortent plus de singles et remixes parce que c’est si facile à faire ! Tu as juste à mettre ton titre en ligne, c’est accessible à tout le monde, tout de suite. Avant, les artistes avaient un temps limité en studio donc vu l’argent que cela leur coûtait, il valait mieux qu’ils en tirent le maximum en terminant tout un projet. Mais maintenant, tout le monde a son propre studio à la maison et on peut uploader une chanson qu’on a faite la nuit passée le jour suivant.

Mais toi, tu préfères quelle philosophie ?

Ça dépend. Pour mon prochain LP, je veux que les gens puissent l’écouter en ayant un expérience complète, car il présente une sorte de nouveau moi. Je ne vais pas recycler les vieux trucs dont je dispose. Mais la musique évolue si vite à présent que tu te dois de rester connecté à ton public en sortant quelques singles de temps en temps. Tu ne peux plus juste travailler sur un album, disparaître totalement et revenir deux ans plus tard avec ton LP, car les gens penseront juste “t’étais où mec ?”

Cet album sera-t-il uniquement instrumental ?

Je ne sais pas encore. Je voudrais travailler avec plus d’artistes, car je pense que je bosse un peu plus dur de cette façon. Je stresse un peu plus aussi, mais au final cela est bénéfique

Pour finir, si on te lâchait sur une île désert avec seulement un sac à dos, que mettrais-tu dedans ?

Quelques uns de mes albums préférés, un lecteur de disque portable et quelques instruments comme une guitare. La guitare, c’est pratique, tu n’as pas besoin de courant !

Playlist bonus : Freddie Joachim en 10 titres

Crédit photo : Coup d’Oreille