Depuis leurs débuts en 2008, le duo new-yorkais The Doppelgangaz s’efforce de sortir chaque année un nouveau projet. Ils ont construit au fil des années et des albums un style qui leur est bien propre et qui fait leur originalité dans un milieu rap qui semble s’uniformiser. Ils n’ont cependant jamais cessé de proposer quelque chose de nouveau à chaque album et leur dernier opus Beats For Brothels vol. 3 n’échappe pas à la règle.
Contrairement aux deux premiers projets du même nom, ce Beats for Brothels n’est pas un album instrumental. On y retrouve néanmoins des interludes instrumentales, chose à laquelle Matter Ov Fact et EP nous ont habitué sur leurs précédents albums. Les deux rappeurs développent comme à l’accoutumé un style qui oscille entre chilly vibes et ambiance boombap sur des morceaux comme « H.I.T.H », « Country Fried » ou encore « Cloak a Ganga Out ». On remarque quand même l’envie d’expérimenter et de se réinventer en utilisant des sonorités plutôt « newschool », plus dans l’ère du temps avec des beats plus rapides, plus percutants, notamment sur « Gangaz 4 Life », « Ya Dun Know » et « Memento Mori ». Le morceau « Shark Everybody » ainsi que les interludes aux ambiances plus aériennes, plus « planantes » fluidifient l’écoute de l’album et permettent de calmer le rythme. L’album offre donc un grand panel d’émotions, d’ambiances, dans lesquelles chacun se retrouvera.
La production a toujours été un point fort des albums des Doppelgangaz. Ils composent eux-même leurs beats ce qui permet d’avoir une parfaite osmose entre leur rap et leurs instrumentaux. En effet, les flows des deux acolytes collent parfaitement aux morceaux et portent même l’auditeur qui se laisse rapidement envoûter par le rythme de la musique et du débit de parole. Les refrains chantés participent à cette ambivalence entre ambiance posée et plus entraînante. Côté lyrics ça ne change pas vraiment des albums précédents : Matt & EP font l’éloge de leur « Black Cloak Lifestyle », savoir apprécier les petits plaisirs de la vie tels que la bonne nourriture, les jolies filles et les spiritueux, le tout sur un ton décalé, humoristique (le titre de l’album, « Beats pour les maisons closes » en est le parfait exemple). On remarquera le peu de prises de risques sur la construction des morceaux (comme cela pouvait être le cas sur leurs autres projets) qui ne contiennent bien souvent que deux couplets bien distincts et un refrain. Toutefois, pas de featurings (hormis Thonio sur les refrains), les deux compères assurent au micro et cela ne change pas. En effet, Doppelgangaz est synonyme d’efficacité : des rimes multisyllabiques bien carrées sans pour autant chercher une quelconque difficulté technique.
Sur cet album The Doppelgangaz se sont donc peut-être donc un peu écartés de ce qu’ils faisaient auparavant du point de vue instrumental, au risque que cela n’en déplaise à une partie de leur public. Toutefois si on regarde en détail, la recette n’a pas changé et la qualité est toujours au rendez-vous. Après tout, comme ils le disent si bien : « The Doppelgangaz sound like… The Doppelgangaz ! »