Après avoir éduqué la blogosphère Hip-Hop internationale l’année dernière avec son mix An Introduction To Rap Français, Onra – plutôt discret ces derniers temps – était revenu sur le devant de la scène fin avril avec un premier single bien représentatif de l’ambiance de l’album: « We Ridin’ « avec la légende du rap californien Daz Dillinger et Olivier Daysoul.
LA CALIFORNIE ! Onra n’en parle peut-être pas autant que Julien Clerc mais le moins qu’on puisse dire est que le bougre a le don de façonner ces ambiances qui nous emmènent tout droit à L.A. En effet, dans Fundamentals, Onra affiche clairement ses influences: le G-funk californien et le R&B du début des années 90s.
Basses vrombissantes, claviers à la Clinton, l’influence de Dre est omniprésente. Pourtant, l’album sonne diablement actuel, car tout le génie d’Onra réside dans sa capacité à « faire du neuf avec du vieux ». En réalité plutôt l’inverse, car, bien que les textures soient très « old school », la rythmique elle, est bien actuelle et va chercher toute la puissante de la beat musique californienne à la sauce Soulection.
Devenu en quelques années une référence du beat outre-Atlantique, le producteur parisien peut désormais s’offrir le luxe de travailler avec les meilleurs rappeurs du moment. On retrouve donc des grands habitués des nos colonnes sur ce Fundamentals comme The Doppelgangaz ou encore Black Milk. Mais également plusieurs artistes moins connus, mais non moins talentueux, comme le rappeur de Harlem Perrion – grosse bonne surprise sur le morceau « Every Second » (qui sample « Poetic Justice« ) – ou encore Chuck Inglish du duo The Cool Kids qui pose sa voix rocailleuse sur l’instru mielleuse de « So Long » qui ouvre l’album.
Une fois de plus, Onra vise juste avec ce Fundamentals qui arrive en plein mois de mai et qui sera sûrement la bande son idéale de vos soirées barbecue cet été. Plus qu’un hommage, Onra revisite avec brio un sous-genre du Hip-Hop 90s finalement assez méconnu du grand public: on parle souvent de Dre mais rarement de Compton Most Wanted, Above The Law, Mack 10 ou encore D.O.C. Mention spéciale pour le morceau instrumental « Money« , véritable hood anthem californien qui nous ramène directement à la période Me Against The World de 2Pac.
Certains reprocheront sûrement à cet album un certain opportunisme sur ce créneau p-funk, remis au gout du jour par le récent album de Kendrick Lamar, (lire notre dossier sur les producteurs de To Pimp A Butterfly) mais, je serais d’avis de ne pas faire le procès du manque d’originalité à un artiste qui a sorti 2 albums de beatmaking composés de samples de musique traditionnelle chinoise…
L’album d’Onra – Fundamentals est disponible sur Bandcamp.