Black Star au Trianon

Black Star au Trianon

En ce mercredi soir printanier, tout était réuni pour passer une soirée Hip-Hop mémorable : la crème de la crème des artistes – Mos Def, Talib Kweli, Jonwayne – dans une des plus belles salles de Paris, le Trianon. On y était et on vous raconte.

Jonwayne, bien plus qu’une première partie

Bien sûr, on venait avant tout pour admirer sur scène le duo de légende que représentent Mos Def et Talib Kweli aka Black Star. Néanmoins, on ne voulait manquer sous aucun prétexte la première partie (chose assez rare), tenue par le nouveau phénomène US Jonwayne, qui s’est fait largement remarqué grâce à son LP Rap Album One. Ce mec est un OVNI : habillé d’un simple short de basket et chaussé de tongs, Jonwayne a d’abord offert à l’audience un court DJ Set à l’aide d’un petit contrôleur, avant de finalement prendre le micro, annonçant sympathiquement « now I’m gonna rap for the rest of the show. If you don’t like it, fuck you. » On le savait déjà, mais, malgré sa dégaine à l’opposé des canons du rap, Jonwayne est bien un tueur micro en main. Après s’être échauffé quelques minutes sur les instrus de « Numbers On The Board » (Pusha T) ou « Black Cowboy » (Jeru Da Damaja), le Californien dégaina les morceaux de son album, à commencer par le monstrueux « The Come Up ». Enchaînant les punchlines et les fast raps a capella, Jonwayne a réussi en 40 minutes à conquérir le public du Trianon, déjà chaud bouillant, tandis que le rappeur demeurait, lui, d’un stoïcisme incroyable.

Black Star à la hauteur

Juste le temps de checker le score de PSG/Chelsea et de profiter du warm-up à base de samples soul du DJ de Black Star, et voici les deux stars de la soirée qui débarquent tout en énergie sur scène, sur un puissant « Astronomy » qui déchaîne direct le Trianon. Equipés de leurs micros old school (vous savez, ceux des speakers des matchs de boxe), Mos Def et Talib Kweli démontrent en live qu’ils font bien partie de ce qui se fait de mieux en Hip-Hop. Ça transpire le groove, les voix sont posées et l’alchimie entre les deux dandies est flagrante. Pendant une bonne heure et demi, Yasiin Bey et Kweli alternent les titres de leur album éponyme tels que « Definition », « Respiration » ou « Brown Skin Lady » et les titres solos respectifs dont « The Blast », « Get By » (pour Talib) ou « Travellin’ Man » (pour Mos), le tout devant un public connaisseur et enthousiaste. Mos Def profite quant à lui des solos de son compère pour s’essayer au graff sur la toile recouvrant la table du DJ, en taggant « Ça va Paris ? », et là on se dit qu’on ne peut pas être bon partout et qu’il a bien fait de choisir le rap plutôt que le street art (no offense). Par ailleurs, quitte à sortir les solos, on regrette un peu l’absence de gros classics qu’on aurait volontiers voulu entendre, que ce soit du côté de Yasiin Bey (« Brooklyn », « Mathematics ») ou de Talib Kweli (« Ms Hill », « Listen »)…

La fin du show est quant à elle plus freestyle, avec un Mos Def déchaîné qui se met à kicker sur les beats de « FuckWithMeYouKnowIGotIt » et « Niggas in Paris », pour notre plus grande surprise. Puis vinrent quelques minutes de flottement, avec un Mos Def trippant tout seul sur scène, puis pas de rappel, rendant la fin quelque peu abrupte. Le show jusqu’ici parfait se transforme en eau de boudin, laissant les fans sur leur faim. Dommage.